Au quatrième trimestre 2020, le nombre de demandeurs d’emplois a reculé de 1,1% dans le Grand Est malgré la crise économique engendrée par la Covid-19. Un résultat faussé selon l’Insee.
Après avoir enchaîné des postes majeurs au Nigeria et à la Banque Mondiale, l’économiste de 66 ans a été nommée lundi à la tête de l’OMC. Un poste politique et diplomatique difficile.
Bouffée d’air frais et vent d’espoir. L’ancienne ministre des Finances nigériane, Ngozi Okonjo-Iweala, a été nommée le 15 février à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle porte l‘espoir d’un déblocage politique de l’organisation qui fait face à la toute-puissance des Etats et au bouleversement des relations économiques internationales.
Elle écope d’un poste à forte dimension politique et diplomatique où le profil joue un rôle déterminant dans le succès de l’organisation pour régler les différends commerciaux entre les pays. Ngozi Okonjo-Iweala bénéficie d’un regard extérieur et d’une expérience différente de celle de ses prédécesseurs. Elle vient du monde en développement et elle est une femme. C’est d’ailleurs la première femme à prendre la tête de l’OMC et la première directrice à être née dans un pays d’Afrique. Entre autres victoires, elle a obtenu en 2005, au Club de Paris, une remise de 18 milliards de dollars sur les 30 milliards de dettes que comptait le Nigéria à cette date.
Directrice mais avec quel pouvoir ?
À la tête de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala aura bien besoin de ses talents de négociatrice car sa latitude sera limitée. "Même si la directrice peut essayer d’influencer tel ou tel domaine, l'OMC reste très très dépendante, plus que les autres organisations internationales, de ses Etats-membres", analyse Anne Sophie Alsif, cheffe économiste du Bureau d’information et de prévisions économiques (BIPE). Le poste dispose surtout d’un capital politique qui lui permet d’interpeller les Etats-membres, notamment au cours des grands forums internationaux.
C’est à travers ses relations avec les dirigeants et des discussions en petit comité que la patronne de l’OMC peut promouvoir un agenda et délier des situations de crispation économique. Un champ d’action qui ne suffit pas toujours, explique Anne Sophie Alsif : "Pendant la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis en 2019, l’organisation était complètement paralysée. Récemment les États-Unis ont refusé de nommer les juges à l’Organe de règlement des différends (ORD). Dans ces cas-là le président a très peu de marge de manœuvre."
Cet organe de l’OMC est un dispositif central de l’organisation car il est en charge de statuer sur les plaintes des États-membres envers d’autres États-membres, notamment sur les questions de concurrences déloyales. "Une des grandes critiques que font les États-Unis et l’Europe à la Chine c’est de subventionner ses produits comme l’acier ou l’aluminium, ce qui permet à ses entreprises d'exporter à des prix défiants toute concurrence", rappelle Anne Sophie Alsif. Un des premiers travaux de Ngozi Okonjo-Iweala sera d’encourager les États à appliquer les règles de l’organisation. Une tâche d'autant plus difficile que la base des relations économiques sur laquelle l’OMC a été créé a bien changé ces dernières années.
Crispation du multilatéralisme économique
"Cette tendance du commerce international à la régionalisation va totalement contre l’ADN de l’OMC qui est le multilatéralisme. Forcément l’organe a beaucoup moins de poids face aux accords régionaux ultra-puissants", développe Anne Sophie Alsif. Dans la conférence de presse que la directrice Okonjo-Iweala a donné lundi 15 février, elle est revenu sur les priorités de son début de mandat.
La pandémie tout d’abord : elle veut favoriser la libre-circulation des vaccins et des équipements médicaux. Cette compétence ne relève pas de l’OMC à partir du moment où chaque État a passé des accords avec les laboratoires, mais la directrice peut s’atteler à mettre de la raison dans les restrictions à l’export de matériel que les Etats peuvent imposer en temps de crise", explique un responsable de l’OMC. Elle a aussi la possibilité de demander une certaine transparence et de fluidifier les négociations. Pour Anne Sophie Alsif, "C’est très bien qu’elle se soit mobilisée la libre-circulation des vaccins afin de faciliter la prise en charge des vaccinations dans les pays pauvres par des organisations comme l’ONU."
Claudia Lacave
Depuis une semaine, Sciences Po est mis à mal par une vague de dénonciation de violences sexistes et sexuelles lancée sur les réseaux sociaux sous le hastag #SciencesPorcs. À Strasbourg, les étudiants dénoncent une culture du viol prégnante et un manque de soutien de la part de l’administration.
"Quand j’étais en deuxième année de Sciences Po Strasbourg, j’ai remarqué que je connaissais dans chaque promo au moins une personne qui a vécu un viol (…). L’administration n’a rien fait quand elle a eu connaissance de cas, tout ce qui l’intéressait c’était de préserver la réputation de l’école". Ce témoignage a été relayé la semaine dernière sur la page Instagram de la militante féministe Anna Toumazoff. Une révélation parmi tant d’autres qui ternissent l’image de la prestigieuse institution.
Si ces accusations proviennent surtout de témoins et non de victimes, tous mettent en avant la négligence d’une administration peu empathique. "Il y a cette tendance à dire qu’ils ne pouvaient rien faire, qu’ils essaient d’être neutre, témoigne un étudiant de l’Institut d’Études Politiques (IEP) de Strasbourg. Il y avait parfois une forme d’écoute mais ça n’allait pas très loin parce qu’on est dépendant des procédures de l’Université de Strasbourg et elles sont assez homériques dans ce genre de cas."
Lenteur des procédures
Contrairement aux IEP, celui de Strasbourg dépend en effet de l’université. L’établissement n’a pas le pouvoir de déclencher des enquêtes internes et sanctionner, explique le directeur des études Arnaud Duranthon : "Notre compétence est de saisir la section disciplinaire placée sous l’autorité du président de l’Université. Notre pouvoir s’arrête au signalement." Ces procédures peuvent durer plus d’un an et sont de fait très peu sollicitées par les victimes.
"Ce temps est en décalage avec l’urgence de ces problèmes. L’université est sensibilisée à la nécessité de procédures plus rapides, dit-il. Nous pouvons néanmoins mettre en place des mesures conservatoires pour que les étudiants ne se croisent pas". Elles n'ont pour l'instant pas été appliquées selon des étudiants.
L’équipe dirigeante, en poste depuis septembre 2020, dit avoir "le sentiment de porter sur (ses) épaules des affaires ou des décisions antérieures" qui ne sont plus de leur ressort. "On n’a aucun intérêt à chercher à protéger une réputation de nos écoles. Ce n’est pas en protégeant des violences qu’on se rend populaire", soutient Arnaud Duranthon.
Culture du viol
Reste que les étudiants dénoncent une culture du viol toujours prégnante dans l’enceinte de l’établissement. "Durant mes premières années d’étude, on avait un magazine appelé Sciences Propos avec une rubrique potins, avec des trucs, genre, qui a couché avec qui, tout le monde y avait accès, relate une étudiante de dernière année. Chaque année, tu as un groupe de mecs un peu mâle alpha qui entretient une culture qui te pousse à coucher."
Les week-end d’intégration, soirée étudiantes et surtout le CRIT, une compétition sportive inter-IEP qui a lieu chaque année, favoriseraient les agressions sexuelles et viols. L’ensemble des IEP de France a annoncé, via un communiqué interne, mettre un terme à cette dernière. Une décision toute relative, dénonce Loriane Guidal, co-présidente de l’association féministe Arc en ci.elles à Sciences Po Strasbourg : "Les IEP ont arrêté de le financer mais les organisateurs du CRIT peuvent trouver des financements ailleurs."
L’association créée en 2013 à Sciences Po Strasbourg, attend en revanche beaucoup d’un comité de travail, que la direction a décidé de lancer dans les prochains mois. Ce groupe, qui réunira associations, enseignants, administratifs, membres de la police nationale et personnel de l’Eurométropole, a pour but "de mettre à plat la manière de gérer cette problématique en amont", explique Arnaud Duranthon. Arc en Ci.elles milite notamment pour la mise en place de formations "à l’écoute des victimes" pour le personnel et des "poursuites disciplinaires systématiques" contre les auteurs de violences sexuelles.
Emma Chevaillier
La Collectivité européenne d’Alsace a adopté, lundi 15 février, son premier budget pour l’année 2021. En raison de la crise sanitaire, celui-ci a été remodelé au profit de la solidarité et de la santé.
C’est un budget de crise. La Collectivité européenne d’Alsace (CEA) a adopté ce lundi 15 février à Colmar son budget primitif pour 2021. Le premier de son histoire. Sur un montant global de 2,25 milliards d’euros, 1,096 milliard sera mobilisé en faveur de la solidarité et de la santé, pour répondre à la crise sanitaire de la Covid-19.
Ce budget doit aussi répondre à un autre impératif : refléter les nouvelles compétences dévolues à la CEA.
Un budget "Covid compatible"…
Face à l'augmentation du nombre d'allocataires du revenu de solidarité active (RSA) de 10,5% entre janvier et septembre 2020, la CEA a décidé de mobiliser des moyens en hausse par rapport aux budgets additionnés des départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin l’an dernier. Elle consacrera 318,3 millions d’euros à l'insertion, au logement et à l'emploi dont 285,1 millions d’euros seront consacrés au RSA.
Mais pour faire face à la crise, la CEA prévoit également une enveloppe de 308,56 millions d’euros "pour soutenir l’économie alsacienne" selon le service presse de la collectivité, sans donner les détails de cette somme. L'institution insiste sur l’augmentation de 140 millions d’euros, soit 7,4% du budget global de la collectivité par rapport aux budgets primitifs 2020 du Bas-Rhin et du Haut-Rhin.
…mais pas assez ambitieux
Mais la question est de savoir si la CEA peut à la fois faire face à la crise et prendre pleinement la maîtrise de ses nouvelles compétences avec des moyens limités et un budget contraint.
Lors de la venue du Premier ministre Jean Castex à Colmar il y a quelques semaines, le président de la CEA, Frédéric Bierry a réclamé de nouvelles compétences pour sa collectivité. Encore faut-il déjà exercer pleinement celles du transfrontalier, du bilinguisme, des routes ou encore du tourisme confiées à la collectivité par la loi Alsace. Au-delà des compétences départementales classiques, ce premier budget reste timide sur ces nouvelles politiques.
Ainsi, seulement 56,3 millions d’euros seront consacrés à la santé et notamment au développement de la coopération sanitaire transfrontalière. Et seulement 149 millions d’euros au réseau routier (élargi aux routes nationales).
Quelques semaines après sa naissance, et après l'élection de son premier président, la CEA a voté un budget qui met en relief les forces mais aussi les faiblesses de cette nouvelle collectivité qui doit encore se faire connaître et comprendre des Alsaciens.
Achraf El Barhrassi
Crédit photo : Sébastien Sutter/CeA
Sorti aux Etats-Unis le 12 février, le long métrage « Music » de la chanteuse Sia relance le débat sur la représentation des personnes autistes dans les films et séries.
Nommé à deux reprises aux Golden Globes 2021, Music, le premier film de la chanteuse Sia, raconte l'histoire d'une jeune femme qui apprend à sa sortie de désintox qu'elle est la nouvelle tutrice de sa demi-soeur autiste, Music. Problème : de nombreux internautes ont mal réagi au film, sorti le 12 février aux Etats-Unis sur la plateforme Apple et qui sera disponible en France le 29 mars, au point que sa réalisatrice a quitté Twitter.
Une partie de la communauté autistique s'est en effet indignée de voir le rôle d'une jeune fille autiste non-verbale tenu par Maddie Ziegler, une actrice non autiste découverte en 2014 dans le clip de Chandelier de Sia. Une pétition lancée pour mettre fin à la diffusion du film a récolté quelque 21 000 signatures en dénonçant un long métrage "extrêmement offensant" pour les personnes autistes. Sur YouTube, Paige Layle, jeune femme autiste suivie par 43 000 abonnés, a elle aussi dénoncé le choix d'une actrice non autiste. Un choix qui ne permettrait pas, selon elle, de "représenter l'autisme sans que cela ressemble à une moquerie".
A l'inverse, outre-Atlantique, l'association française Vaincre l'Autisme a réagi à la polémique dès le 11 février. Dans son communiqué de presse, elle condamne les tentatives de censure contre le long métrage de Sia. Et "salue son initiative de ne pas généraliser les personnes autistes mais d'illustrer l'une de ces principales formes" ainsi que "les trois années de recherches qu'elle a effectuées en collaboration avec un institut spécialisé et deux consultants autistes". "Toute personne s'intéressant à l'autisme participe à la mise en lumière de cette grande cause", conclut l'association.
"On ne peut pas représenter tout le monde"
Pour Julien Richard-Thomson, président du Syndicat des professionnels du cinéma en situation de handicap (SPCH), qui n'a pas encore vu le film, la situation est plus complexe que les plaintes des internautes laissent à croire. "Le milieu militant est assez divisé sur ce qu'il faut faire, avoue-t-il. C'est encore plus compliqué dans l'autisme, où on a des non-verbaux et des Asperger. On ne peut pas représenter tout le monde, on parle forcément d'un personnage, d'un degré de handicap. Déjà à la sortie de Rain Man, avec l'acteur Dustin Hoffman, des gens ont dit que c'était super d'avoir un personnage autiste mais forcément d'autres ne se reconnaissaient pas." Le président du SPCH évoque un autre problème, d'ordre financier : faire jouer une personne handicapée prend plus de temps, et coûte donc plus cher, d'autant plus si les personnes ont des besoins en formation ou en accompagnants.
Si le but de son association est d'encourager la présence de personnes handicapées dans l'audiovisuel, estimée à 0,7% par le CSA en 2019, Julien Richard-Thomson n'a rien contre les acteurs non handicapés. "Quand on est un bon acteur on peut jouer plein de rôles, admet-il. Il n'y a pas de problème si la personne valide respecte le personnage". De son côté, il travaille à obtenir du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) et des régions la création d'une subvention supplémentaire pour les films faisant appel à des acteurs ou techniciens handicapés. "En matière artistique on ne peut pas interdire mais on veut encourager, conclut-il. Pour l'instant il faut amorcer le truc".
Marion Henriet