Les Restos du cœur, les Banques alimentaires, le Secours populaire et la Croix rouge pourraient être touchés de plein fouet par la décision du Conseil européen. François Chevré/CUEJ
Ce lundi, les associations caritatives sont dans la rue, pour défendre l'aide alimentaire européenne. Celle-ci pourrait être supprimée les 7-8 février prochains par le Conseil européen. Depuis 25 ans, cette aide permet à 18 millions d'Européens de manger à leur faim.
Cela représente "un euro par an et par Européen". Pour les associations caritatives, qui descendent dans la rue aujourd'hui, le budget de l'aide alimentaire doit être maintenu. Le Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD) est doté de 500 millions d'euros, un fonds remis en cause par sept pays européens, parmi lesquels l'Allemagne et le Royaume-Uni. Pour ces Etats, pas question de voir l'Union européenne prendre en charge l'alimentation des plus démunis. Il revient donc à chaque pays de débloquer un budget.
Ces sept pays estiment que "c'est à chaque Etat de s'occuper de ses pauvres, comme si un pauvre appartenait à un Etat", s'insurge Olivier Berthe, président des Restos du Coeur. Le programme d'aide actuel est en vigueur jusqu'en 2014, mais la prochaine échéance approche : un nouveau programme pourrait voir le jour pour la période 2014-2020, moins bien doté que l'actuel PEAD.
"Une goutte d'eau dans le budget de l'Europe"
L'avenir de l'aide alimentaire européenne est donc suspendu à la décision des chefs d'Etats les 7 et 8 février prochains. Or s'il n'y a pas unanimité entre les Etats, les quatre associations (Restos du cœur, Banques alimentaires, Secours populaire, Croix rouge) auront 130 millions de repas à distribuer en moins en France.
Cette aide représente "une goutte d'eau dans le budget de l'Europe", selon les associations. Olivier Berthe, n'a pas caché sa colère ce matin sur France Inter : "Manger à sa faim, c'est quand même le minimum. Les pays hostiles s'appuient sur une mauvaise interprétation des valeurs fondatrices de l'Europe."
Les bénévoles font semblant de manger
Ce lundi midi, les quatre grandes associations caritatives se mobilisent dans trente villes de France. Les bénévoles participent à une action "air food", défendue par The Air Food project, qui consiste à faire semblant de manger pendant quelques minutes. Pour Olivier Berthe, si les Etats délaissent le programme d'aide, "18 millions d'Européens ne feront plus semblant, et seront réellement dans la situation de ne plus manger".
Le ministre français de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, apporte son soutien au fonds actuel, et le Parlement européen, en session à Strasbourg cette semaine, doit se prononcer sur le sujet. L'un des parlementaires, Younous Omarjee, remettra un rapport. Ce député réunionnais de la Gauche unitaire européenne se fait le porte-voix des associations caritatives, et appréhende comme elles l'échéance du Conseil européen. Pour lui, " les 2,1 milliards d’euros prévus par le nouveau programme" ne sont pas satisfaisants. Les associations caritatives en réclament deux fois plus.
Clément Lacaton