Dans son rapport annuel l’organisation de défense des droits de l'Homme pointe du doigt les personnalités "autoproclamées antisystème". En première ligne : Donald Trump.
159 pays étudiés et des tendances qui se dégagent pour Amnesty International en 2016 : la question des réfugiés et la montée des populismes. Cette dernière interpelle particulièrement l’organisation non gouvernementale spécialisée dans les droits de l’Homme qui reproche aux personnalités "s’autoproclamant antisystème" de "désigner des boucs émissaires faciles" plutôt que de se concentrer sur "le respect des droits économiques, sociaux et culturels".
"Misogynie et xénophobie"
Dans la ligne de mire d’Amnesty International : le nouveau président américain Donald Trump. Le rapport annuel de l’organisation dénonce "des déclarations de nature à semer la discorde, marquées par la misogynie et la xénophobie" et s’inquiète de ces annonces qui veulent "revenir sur des libertés publiques bien établies et adopter des politiques allant radicalement à l’encontre des droits humains."
"J'appelle à l'arrêt total et complet de l'entrée de musulmans aux Etats-Unis." CC by hypsterbilly.
Pour Amnesty International, l’élection de Donald Trump symbolise une tendance mondiale avec "des politiques toujours plus agressives et clivantes". "Donald Trump, Viktor Orban (Hongrie), Recep Tayyip Erdogan (Turquie), Rodrigo Duterte (Philippines)... s'acharnent sur des groupes entiers de population, les désignent comme boucs émissaires et propagent l'idée selon laquelle certaines personnes sont moins 'humaines' que d’autres", regrette l'organisation.
Les exécutions extrajudiciaires, au moins 400, contre des personnes soupçonnées de vendre ou de consommer de la drogue aux Philippines et cautionnées par le président Rodrigo Duterte, sont critiquées, tout comme les purges réalisées chez les fonctionnaires en Turquie.
Rodrigo Duterte est président des Philippines depuis le 30 juin. CC by Pitpisit.
La France également touchée
La situation est également critique en Europe, selon Amnesty International, où "des responsables politiques ont cherché à surfer sur un sentiment général de désaffection et d’insécurité". L’organisation cite les cas polonais et hongrois où les populistes de droite gouvernent (depuis 2010 en Hongrie et 2015 en Pologne), prenant plusieurs mesures pour restreindre les libertés constitutionnelles et de presse.
S’ils ne sont pas au pouvoir dans l'ouest de l’Europe, les populistes symbolisés par le Front National en France ou le Parti pour la liberté aux Pays-Bas, y ont "contraint les partis en place, inquiets, à largement puiser dans leurs idées et à ouvrir la voie à nombre d’orientations qu’ils préconisaient". Amnesty International prend l’exemple de la polémique estivale du burkini en France qui a été alimentée par l'extrême droite mais également par des élus des Républicains ou du Parti Socialiste. "La tendance est mondiale et fait craindre une multiplication d’attaques fondées sur l'origine ethnique, le genre, la nationalité et la religion", predit l'organisation.
Alexis Boisselier