L'assassin présumé de l’influenceur d'extrême droite tué par balle le 10 septembre dernier fait l'objet de nombreuses spéculations
Tyler Robinson, assassin présumé de Charlie Kirk. © CNN sur les réseaux sociaux
Trente-trois heures chrono. Il a fallu moins de deux jours pour que Tyler Robinson, 22 ans, assassin présumé de l'influenceur Charlie Kirk, tué par balle sur un campus de l’Utah, aux États-Unis, le 10 septembre dernier, soit interpellé. Son inculpation est prévue ce mardi 16 septembre.
Un profil confus
Mis à part qu’il a sans doute agi seul, et que son père, ainsi qu’un ami proche de la famille, l'ont livré aux autorités, des zones d’ombres restent à dissiper quant au profil de l'interpellé. Tyler Robinson refuse de coopérer avec les enquêteurs. Dans les colonnes du Wall Street Journal, le gouverneur de l’Utah s’est permis de spéculer sur ses motivations, l’accusant d'être « profondément endoctriné par l’idéologie gauchiste ».
Conservateurs et progressistes se renvoient la balle sur l’appartenance idéologique du jeune homme. Le profil est confus et ses motivations nébuleuses, tout comme ses liens avec différentes communautés internet. Le tireur présumé n’est pas enregistré politiquement mais, selon des membres de sa famille, Tyler Robinson se serait récemment politisé et « n’aimait pas Kirk et ses positions ». Une citation extraite d’un article du Guardian, désormais retirée, le place « à gauche surtout » et « le seul membre de sa famille vraiment gauchiste », selon une source qui a affirmé le connaître, avant de se rétracter.
La famille du suspect n’a jamais caché ses valeurs mormones ainsi que son attrait pour les armes à feu. Dans des publications sur les réseaux sociaux, l’assassin présumé pose en effet armé, en présence de sa famille, alors qu’il est encore adolescent.
« Un assassinat pro-transgenre » selon les Maga
Dès samedi 13 septembre, des rumeurs ont circulé sur le fait que le suspect aurait une colocataire en transition. À partir de dimanche, le gouverneur de l’Utah a confirmé qu’il s'agissait de sa petite amie qui, selon lui, serait « très coopérative » avec les enquêteurs, ne manquant pas de la mégenrer.
Pour l’instant, aucun élément ne permet de faire le lien entre l’assassinat et les positions transphobes de Charlie Kirk. Mais cela n’a pas empêché des conservateurs comme l'influenceuse pro-Trump, Laura Loomer, de lancer une campagne de dénigrement transphobe, demandant le classement « du mouvement transgenre en tant que groupe terroriste ».
La méthode Maga (Make America Great Again) a également changé. Les partisans du président ont lancé une chasse aux sorcières visant les internautes qui ont tenu des propos hostiles envers Charlie Kirk, allant jusqu’à tenter de les faire licencier. Une méthode relevant de la cancel culture, que les conservateurs condamnaient jusqu'à aujourd’hui.
Un partisan de l'ultra droite pour les progressistes
Selon le gouverneur de l’Utah, des inscriptions ont été retrouvées sur les munitions. Une méthode devenue courante dans les assassinats aux Etats-Unis. Comme dans le cas de l’affaire Luigi Mangione, 27 ans, suspecté d’avoir assassiné en pleine rue, le 4 décembre 2024, le PDG de la UnitedHealth, une grande société d’assurance de santé américaine. Les enquêteurs avaient été retrouvés le slogan « Delay, deny, depose » (« retarder, refuser, défendre ») — titre d’un livre critique du système d’assurance de santé américaine — sur des douilles ayant servi à l’assassinat.
Ici, pas de slogan intellectuel, mais un ensemble de phrases confuses. Une inscription reprend Bella Ciao, chant de résistance antifasciste italien popularisé par la série La Casa de Papel, et non pas pour sa signification politique. La newsletter Garbage Day souligne que la chanson est également dans une playlist partagée par des « groypers », nom autoproclamé des partisans de l’influenceur d'extrême droite antisémite Nick Fuentes. Celui-ci s’est notamment illustré par son soutien et son amitié avec Kanye West, en mars dernier, alors que le rappeur faisait l’apologie du nazisme et du négationnisme. Entre Kirk et Fuentes, ce n’était pas l’amour fou. Ce dernier avait fustigé les positions trop « molles » du premier et n’avait pas hésité à envoyer sa communauté le harceler en 2019.
Côté démocrate, les réactions se font timides, avec des appels au calme et des condamnations de la violence en politique. Bernie Sanders a notamment réagi dans une vidéo publiée dès le lendemain de l’assassinat, le 10 septembre, qualifiant la violence politique de « lâcheté ».
« Shit post » par balle
D’autres inscriptions ont été retrouvées sur les douilles telles que, « Hey fasciste ! Attrape ! », suivi d’une série de flèches faisant référence au code d’activation d’une bombe puissante dans le jeu vidéo Helldivers 2, un meme de la communauté furry (personne ayant un alter ego animal anthropomorphe), ou « Si vous lisez ça, vous êtes gay LMAO (« laughing my ass off », littéralement « rire à s'en taper le cul ») ». Des messages qui ressemblent fortement à du « shit post », terme utilisé sur les réseaux sociaux pour désigner les publications ineptes et sans contexte, visant à faire dérailler les conversations.
William Jean
Edité par Clémentine Soupart--Lejeune