Les nouvellement nommés ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, et ministre de la Justice, Didier Migaud, s'opposent déjà sur leur politique. Le premier, issu de la droite dure, souhaite "rétablir l'ordre".
Didier Migaud et Bruno Retailleau (respectivement premier et troisième en partant de la droite) devront travailler ensemble malgré leurs différends politiques. Photo : AFP, Christophe Ena
Le nouveau ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a appelé mardi sur CNews et Europe 1 à des "modifications législatives" pour répondre à ce qu'il considère comme "un droit à l'inexécution des peines" en France, répondant à des propos du garde des Sceaux, Didier Migaud.
Moins de 24 heures après leur entrée en fonctions, Bruno Retailleau et Didier Migaud, ministres de l'Intérieur et de la Justice, l'un tenant d'une droite dure, désireux de "rétablir l'ordre", l'autre issu du Parti socialiste, semblent avoir engagé un début de bras de fer.
La veille, le nouveau garde des Sceaux, Didier Migaud, avait estimé sur France 2 qu'"il (M. Retailleau) doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays et que c'est quelque chose qui est essentiel dans une démocratie". Il a également défendu l'octroi de moyens supplémentaires à la justice.
Agir dès un "délit sérieux"
Interrogé sur ces propos, Bruno Retailleau a rétorqué mardi matin: " L'indépendance des juges, oui, mais il y a la souveraineté du Parlement et du peuple français à travers les lois que le Parlement peut voter. Ce n'est pas le problème des magistrats en tant que tel, c'est pas le problème du garde des Sceaux en tant que tel, c'est le problème des textes qu'il faut changer ". Le ministre de l'Intérieur a par exemple cité la justice des mineurs.
"Ce qui doit nous inspirer, c'est la feuille de route du Premier ministre. Voulons-nous oui ou non avoir des résultats au-delà des discours ? Nous voulons avoir des résultats en matière de fermeté et de rétablissement de l'ordre républicain", a-t-il poursuivi, affirmant "qu'on a malheureusement élaboré en France une sorte de droit à l'inexécution des peines".
"Il y a des jeunes qui ont été enfermés dans des parcours de violence, de délinquance... Qui ont vingt, trente, voire même plus d'antécédents. En réalité, en les enfermant dans ces parcours de violence, on attend l'ultime extrémité pour pouvoir les condamner", a-t-il développé. Le successeur de Gérald Darmanin estime qu'il faut agir dès le premier délit sérieux, notamment d'intégrité physique, de peur de laisser les "jeunes" se condamner à la délinquance.
La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a été interrogée sur RTL mardi matin à propos des divergences de vue entre le garde des Sceaux et son collègue à l'Intérieur. Plutôt que de les nier, elle a vanté la décision de ne pas composer "un gouvernement de clones".
Yanis Drouin avec AFP