Une quarantaine de joueuses entre 10 et 14 ans se sont retrouvées au city stade de l’Elsau, à Strasbourg, pour un tournoi de street soccer (football de rue). Dans un milieu essentiellement masculin, elles s’imposent le temps d’un après-midi.
Une quarantaine de joueuses entre 10 et 14 ans se sont retrouvées au city stade de l’Elsau, à Strasbourg. Photo : Elsa Rancel
"D’habitude, elles regardent les garçons jouer. Aujourd’hui, c’est eux qui les regardent", lance l’organisateur Moustapha Taouil, alias Mouss. Le tournoi commence. Elles l’attendaient. Entouré de quatre grandes tours, le city stade de l’Elsau, à Strasbourg, prend vie. Une quarantaine de filles ont posé les ballons. Pour la troisième année consécutive, l’association Les sons d’la Rue organise un tournoi de street soccer exclusivement féminin dans le cadre du festival OQP (Opération quartiers populaires). De 10 à 14 ans, fan de football ou non, des jeunes des quartiers de Hautepierre, de l’Elsau et du Neuhof s’affrontent le temps d’un après-midi.
Moustapha Taouil, alias Mouss, organise l’évènement avec l’association Les sons d’la Rue, pour le festival OQP (Opération quartiers populaires). Photo : Elsa Rancel
Coup de sifflet. Les cris des supportrices se mélangent à ceux des joueuses qui se disputent le ballon orange sur le terrain. La musique rythme les encouragements et rires. Certaines ont déjà l’âme de footballeuses professionnelles, d’autres de supportrices prêtes à tous. Des garçons, qui ont l’habitude de jouer sur le city stade, restent pour cette fois en retrait. Pour aujourd’hui, le terrain ne leur est pas destiné. Diala, 12 ans, leur fait l’honneur de quelques passes en attendant que son équipe entre en jeu. Elle "s’en fiche" de jouer tout le temps avec des garçons. "On s’améliore beaucoup avec eux", annonce-t-elle. Une partie de son équipe n'est pas non plus dérangée par l’idée.
"Ça fait du bien d’avoir un moment qu’entre filles"
Maroua, 13 ans, "joue par plaisir, garçon ou pas". Mais elle souffle, à demi-mot : "On voit trop d’hommes à la télé, les femmes ne sont pas connues." Elle rejoint le reste de son équipe et son "coach", Youssef El Farfachi, animateur du service jeunesse du centre culturel du Neuhof. Il est venu avec cinq autres joueuses. "Le foot, ce n’est pas une activité qui les intéresse toutes à la base, mais l’envie est là. Elles ont besoin de l’exprimer. Mon rôle, c’est de faire sortir cette voix", explique-t-il en faisant quelques passes.
La moitié des joueuses présentes sont déjà familières du football : elles viennent du club de Hautepierre. Photo : Elsa Rancel
Les joueuses n’y vont pas de main morte. Un but, deux buts. L’une d’elles tombe et se relève aussitôt. Eden, 14 ans, assise sur une des barrières, crie en voyant son amie chuter. Elle applaudit ensuite, se prend au jeu : "Ça fait du bien d’avoir un moment, surtout de foot, seulement avec des filles." En retrait, le président du Sporting Strasbourg Futsal, Amroune Faiçal, qui est aussi éducateur, griffonne les points sur son carnet. Il a observé au fil des années une augmentation des licenciées de son club. "Sur 80 joueurs, il y a une vingtaine de femmes. Elles s’imposent de plus en plus et veulent leur place dans ce milieu", assure-t-il. La gardienne de l’équipe adverse attrape la balle de justesse. Des cris de déception se mélangent à ceux de soulagement. Elle relance. Une joueuse rattrape. Dernière lancée. Et c’est but !
Elsa Rancel
Édité par Yves Poulain