Pour le 171ème anniversaire du rattachement de la Nouvelle-Calédonie à la France, le collectif Solidarité Kanaky 67 s'est rassemblé place Kléber, à Strasbourg, ce mardi 24 septembre. Il a appelé à la libération du leader indépendantiste Christian Tein, emprisonné depuis juillet à la prison de Mulhouse Lutterbach.
Le collectif Solidarité Kanaky 67 s'est rassemblé sur la place Kléber, ce mardi soir, pour soutenir Christian Tein. Photo: Solidarité Kanaky 67
Depuis son arrivée en France, les conditions de détention sont bonnes, l’administration pénitentiaire est attentive à son statut, rassure l’avocat Florian Médico. Le leader indépendantiste kanak Christian Tein est mis en examen notamment pour complicité de tentative de meurtre et association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime et placé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Mulhouse Lutterbach depuis bientôt trois mois. À l’occasion des 171 ans du rattachement de la Nouvelle-Calédonie à la France, le collectif Solidarités Kanaky 67 s'est rassemblé place Kléber pour appeler à sa libération.
Dans la nuit du 13 mai, des violences éclatent en Nouvelle-Calédonie. Le début de l’examen par l’Assemblée Nationale d’un projet de loi pour l’élargissement des conditions du droit de vote pour les citoyens français de l’île ravive chez les populations kanaks la crainte de disparaître. Désigné comme le porte-parole de la cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), Christian Tein lance un appel au calme à destination des jeunes manifestants, le lendemain de la première nuit de pillages sur le Caillou. En l’espace de six mois, le chargé des affaires coutumières auprès du président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie s’est imposé naturellement comme une figure de l’opposition indépendantiste, porté par l’héritage politique de sa famille et son engagement de toujours.
Interviewé par la radio néo-calédonienne Djidoo, Christian Tein évoque le 14 mai un contexte social difficile, qui va au-delà de la situation du dégel électoral souhaité par l’État français. Devant le président de la République et le ministre de l’Intérieur, en visite à Nouméa deux semaines plus tard, Christian Tein tient un discours ferme, refusant d’appeler à l’abandon de la mobilisation et renvoyant au gouvernement français la responsabilité des dix personnes décédées dans les affrontements entre milices et indépendantistes, rapporte le quotidien La Voix du Caillou.
Des espoirs de libération
Le CCAT obtient finalement le report officiel du débat sur la mesure le 12 juin, deux semaines après la levée de l’état d’urgence sur l'île. Le 19 juin, Christian Tein et dix autres figures des mouvements indépendantistes kanaks sont placées en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour association de malfaiteurs. Il est envoyé trois jours plus tard en détention provisoire vers la prison de Mulhouse-Lutterbach, aux côtés de sept autres collaborateurs du CCAT.
Un voyage de plus de 17 heures douloureux, passé menottes aux poignets, et un éloignement de ses proches brutal, décrit son avocat, Florian Médico. Son épouse l’a également rejoint en France, “mais devra bientôt repartir en Nouvelle-Calédonie”, nuance Maître Médico. Une demande de mise sous bracelet électronique faite en juillet dernier serait également en bonne voie et pourrait lui permettre de retrouver une liberté cantonnée à une adresse définie.
Sept détenus en métropole
Son avocat voit en l’emprisonnement de Christian Tein une aberration et estime que c’est l’expression politique du leader kanak qui est sanctionnée. “Dans ses prises de position politiques publiques, Christian Tein a toujours appelé à des manifestations pacifiques et à ne pas se mettre en danger”, rappelle-t-il. Il a récemment reçu la visite de l’eurodéputé LFI Anthony Smith, ainsi que celle des sénateurs Jacques Fernique et Anne Souyris début juillet. Un soutien et une compréhension de ses idées politiques qui le touchent fortement, d’après son avocat. Geste de soutien venu de son île natale, Christian Tein a été nommé président du Front de libération nationale kanak et socialiste fin août.
Christian Tein a été incarcéré en métropole aux côtés de six autres militants indépendantistes : Brenda Wanabo (chargée de communication du CCTA), Dimitri Qenegi (commissaire politique d’un parti du FLNKS), Guillaume Wama, Steeve Une, Yewa Waetheane, Frédérique Muliava sont également toujours détenus sur le territoire métropolitain. Le rassemblement du collectif Solidarités Kanaky 67 place Kléber à Strasbourg a appelé à leur libération collective.
Gabrielle Meton
Édité par Louise Pointin