Vendredi midi, le président français recevait Shimon Peres pour un déjeuner à l'Elysée. Une entrevue avec le chef d'Etat israélien qui corrobore l'entente cordiale voulue par François Hollande avec l'Etat juif, mais qui n'en dit pas plus de sa position sur le conflit.
« Je prendrai des initiatives pour favoriser, par de nouvelles négociations, la paix et la sécurité entre Israël et la Palestine. Je soutiendrai la reconnaissance internationale de l'Etat palestinien. » C'est par cette phrase que François Hollande abordait le conflit israélo-palestinien dans ses soixante propositions pour la France, lors de la dernière campagne présidentielle. Une posture plus qu'un véritable engagement, qu'aujourd'hui, rien n'est venu éclairer.
Si cette attitude révèle une forme de prudence, elle tranche avec celle de ses prédécesseurs. A Ramallah, une rue porte désormais le nom de « Jack Chirac » (sic), en hommage à ses positions favorables envers le peuple palestinien. Et Nicolas Sarkozy s'est toujours présenté comme un ami d'Israël (tout en défendant la création d'un Etat palestinien).
François Hollande, lui, semble avoir fait le choix de ne pas se voir coller l'une de ces étiquettes.
Agnès Levallois, ancienne analyste Proche-Orient au Secrétariat général de la Défense nationale, juge le président socialiste moins engagé que ne l'étaient M.Chirac et M.Sarkozy. « Je pense que le conflit israélo-palestinien ne figure pas en tête de ses préoccupations. Mais sa position est difficile à cerner. Le seul moment où l'on a pu la percevoir, c'est au moment du vote à l'ONU (en novembre 2012). François Hollande et le gouvernement français ne s'étaient prononcés en faveur de la reconnaissance de l'Etat palestinien qu'après une longue hésitation et en exigeant de nombreuses garanties. »
En décembre dernier, l'Etat français avait vivement réagi après qu'Israel eut annoncé sa décision de poursuivre la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, était alors monté au créneau en appelant les dirigeants de l'Etat juif à « s'abstenir » de mener à bien ce projet de nouvelles implantations et à « manifester clairement leur volonté de reprendre les négociations ».
Mais François Hollande avait alors fait montre, là encore, d'une grande mesure en rappelant que la France ne tenait pas à « entrer avec Israel dans une logique de sanctions ». La suite logique d'une position entrevue il y a un an.
En janvier 2012, l'ancien député de Corrèze, candidat à la présidentielle, avait reçu une délégation du Conseil représentatif des institutions juives de France à son QG de campagne. Il avait souligné que si Israël était « l'objet de tant de critiques, c'est qu'il constitue une grande démocratie. » Une façon pour le président français de démontrer, si ce n'est son amitié avec l'Etat juif, sa volonté d'entretenir de bonnes relations avec le gouvernement hébreu.
En recevant le président israélien, Shimon Peres, François Hollande tient l'occasion de reprocher à l'Etat juif ses abus au sein du conflit qui l'oppose aux Palestiniens. Mais Hollande en profitera-t-il pour rompre avec la prudence ?
Etienne Grelet