La France accueille les championnats d’Europe de volley à partir du 12 septembre sur fond de très bons résultats des Bleus. Pourtant l’événement ne suscite pas l’engouement escompté.
L'équipe de France avait terminé sur le toit du monde à l'issue du tournoi de 2015. / Photo Startuffer Lycée Fénelon
Il est 23h19, mercredi 12 septembre lorsqu’une nouvelle salvatrice tombe subitement. La Fédération française de volley (FFV) annonce dans un communiqué avoir enfin trouvé un sponsor pour fleurir le maillot des Bleus lors des championnats d’Europe. La société de paris en ligne Betclic a déboursé les 350 000 euros à priori demandés. La catastrophe est évitée, à la veille de la première compétition internationale organisée en France depuis 1986. Un événement capital pour le développement de ce sport.
Révoltés, les joueurs avaient fustigé le manque de professionnalisme de la fédération. Earvin Ngapeth, figure de proue de cette génération dorée, allant même jusqu’à parler de honte dans les colonnes de l’Equipe : « On ne joue pas pour le fric et on peut comprendre que la fédération n’ait pas d’argent. Ce qu’on ne peut pas comprendre, en revanche, c’est que rien ne se passe et que l’image de notre sport se dégrade à ce point. » Une sortie que le sélectionneur Laurent Tillie a tenu à nuancer, assurant que « la fédération a énormément investi », environ 6 millions d’euros.
La Fédération française de volley tente de sauver la face en retweetant cet article d'Eurosport. Quelques jours plus tôt, le leader français avait violement critiqué l'institution.
Seulement 3 000 personnes attendues pour le match d'ouverture des Bleus
Toujours est-il que par ce contrat de dernière minute avec Betclic, la fédération ripoline son image. Car, derrière cette polémique embarrassante se cache un mal-être plus profond. Selon les dernières estimations, seulement 3 000 personnes sont attendues jeudi 12 septembre à l’Arena de Montpellier pour le match d’ouverture face à la Roumanie, alors que l’enceinte peut en accueillir 10 700.
Le début de compétition va se dérouler dans l’indifférence générale. La communication laconique de la fédération y est pour beaucoup. L’institution ne parvient pas à fidéliser le public, à l’instar des rencontres de ligue mondiale, tournoi regroupant les meilleures nations, qui se sont récemment tenues dans des stades aux tribunes clairsemées. « Ce n’est pas une surprise, déplore à CUEJ.info Thomas Gentil, ancien licencié du club Strasbourg volley-ball. Il y avait très peu de publicités ou d’affiches. Les réseaux-sociaux n’ont presque pas été utilisés. Aucun de nos proches n’était au courant. »
La balle de match exceptionnelle de Earvin Ngapeth qui permet à la France de remporter les championnats d'Europe 2015.
Les matchs de l’équipe de France seront retransmis en clair sur la chaîne l’Equipe, diffuseur officiel de la compétition, une aubaine pour que la discipline gagne en visibilité. Mais la FFV peine à saisir l’opportunité qui s’offre à elle. Sur le terrain, cette génération s’affirme indéniablement comme la plus forte de l’histoire tricolore. En club, la quasi totalité de l’effectif évolue dans les meilleurs championnats étrangers. En sélection, le bilan est encore plus flatteur. Les hommes de Laurent Tillie ont fait quatre podiums sur les cinq dernières éditions de la ligue mondiale, dont un titre glané. Ils ont également remporté un championnat d’Europe en 2015. C’est d’autant plus impressionnant que la concurrence mondiale est exacerbée. Le moment est donc idoine. Il s’agit de capitaliser sur ces résultats sportifs pour faire du volley une place forte du paysage sportif national.
Le nombre de licenciés stagne malgré les titres remportés
Le hand version Karabatic dès 2008, le basket de Tony Parker à partir de 2011 et encore aujourd’hui avec les championnats du monde en Chine, et le volley de Earvin Ngapeth depuis 2015. Ces trois sports collectifs ont connu un âge d’or sensiblement au même moment. Pour le volley, la comparaison de l’après succès est malheureuse. CUEJ.info a calculé que le nombre de licenciés a drastiquement évolué dans les trois années qui ont suivies le premier sacre au hand (+20,82% de 2008 à 2011) et au basket (+25,22% de 2001 à 2014). Le volley n’a pas l’heur de connaître une évolution aussi franche (+8,9% de 2015 à 2018).
Pour pallier ce manque d’engouement, les Bleus doivent effectuer une grande performance. Atteindre le dernier carré et jouer à Bercy pourrait attirer l’attention. Libre à la bande de Earvin Ngapeth, malheureusement forfait pour les premiers matchs, de saisir sa chance.
Mickaël Duché