Le gouvernement va débloquer une enveloppe de 2 à 5 milliards d'euros de prêts aux collectivités locales pour financer leurs investissements en 2012. La décision a été annoncée par le Premier ministre, François Fillon, à l'issue d'une réunion avec Nicolas Sarkozy et les élus locaux, qui ont refusé la rigueur exigée.
Cela suffira-t-il ? Vendredi, le Premier ministre, François Fillon, a promis deux à cinq milliards d'euros de prêts, lors d'une réunion avec les élus locaux. Mais «c'est sans commune mesure avec les besoins financiers des collectivités locales», a aussitôt réagi l'Association des Régions de France (ARF). Des besoins estimés à 23 milliards d'euros par l'association des Maires de France.
Il faut dire que depuis 2011, les collectivités locales peinent à emprunter. L'acteur historique du financement des collectivités locales en France, Dexia Crédit Local, est plus que fragile depuis la crise financière. Et les banques privées sont de plus en plus frileuses à prêter de l'argent depuis les nouvelles règles anti-crise, dites de « Bâle 3 ». Elles sont en effet obligées d'augmenter leurs fonds propres quand elles prêtent aux collectivités, ces prêts étant considérés comme risqués par les marchés.
A l'automne 2011, dans l'urgence, l'Etat, via la caisse des dépôts, a déjà débloqué un prêt de cinq milliards d'euros. Mais cette enveloppe est déjà épuisée. Le montant promis par le gouvernement, vendredi, pourrait ne pas suffire à couvrir tous les besoins en attendant la création d'une nouvelle banque, en juin, pilotée par la Caisse des dépôts et la Banque postale.
Désaccord sur la réduction des dépenses
Pour Nicolas Sarkozy, les collectivités doivent faire des économies. Lors de la réunion avec les élus locaux, le Président a proposé un pacte de stabilité, afin de réduire leurs dépenses et de fixer des objectifs en terme d'emplois. Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a rappelé que l'Etat s'était engagé dans une politique de réduction des effectifs alors que les collectivités locales ont créé un peu plus d'un demi-million d'emplois entre 1998 et 2009. Les élus de gauche ont rejeté cet appel à la rigueur et ont refusé le pacte proposé. « Ce n’est pas d’un pacte de stabilité dont les collectivités ont besoin mais d’un véritable contrat de confiance et non pas de défiance. Ceci ne peut pas se construire de manière inopinée en fin de quinquennat, après des années de stigmatisation », a déclaré l'Association des Régions de France.
Natacha Muzy avec AFP