Nicolas Sarkozy ne reviendra pas en politique sauf si la situation économique s'aggrave en France et que personne n'est apte à diriger le pays. C'est en substance le message qu'a voulu faire passer l'ancien président de la République dans Valeurs actuelles, l'hebdomadaire conservateur, à paraître jeudi. Pourtant, à droite, cette deuxième apparition depuis l'échec de la présidentielle de 2012 ne réjouit pas, même si la majorité des militants UMP attend le retour de Nicolas Sarkozy.
Le mécontent
François Fillon l'a annoncé la semaine dernière : il renonce à la mairie de Paris pour préparer l'élection présidentielle de 2017. Interrogé ce mercredi matin sur BFMTV, il a d'abord dit ne pas vouloir commenter les confidences de Nicolas Sarkozy avant de lâcher : « Quand on perd les élections, on est à nouveau tous sur la même ligne [de départ], avec l'obligation de repenser notre projet. On ne va pas dire aux Français "on revient avec le même projet que celui qui nous a fait perdre" », a t-il répliqué, rappelant que Nicolas Sarkozy est aussi responsable de la défaite de la droite à la présidentielle et aux législatives en 2012.
L'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy a ensuite ironisé : ce retour, « c'est le feuilleton qui va occuper tous les commentateurs politiques pendant des semaines et des mois ».
« Ce n'est plus Fillon contre Copé. Maintenant, on est dans l'étape Sarkozy/Fillon », affirmait anonymement il y a quelques jours un responsable UMP à l'AFP.
Le prudent
De son côté, Alain Juppé, le maire de Bordeaux, pondère ses propos sur RTL. Refroidi par l'ampleur qu'a prise sa déclaration en février au sujet de « l'envie de Nicolas Sarkozy de revenir en politique », il se veut « d'une extrême prudence ». L'UMP doit d'abord « reconstruire un projet politique ». 2017, c'est « un débat prématuré ».
Alain Juppé : "Le retour de Nicolas Sarkozy... par rtl-fr
Les neutres
Pour Luc Chatel, Nicolas Sarkozy est « un recours possible pour la droite ». « Nicolas Sarkozy a démontré sa capacité de réformer notre pays », a insisté l'ancien ministre de l’Éducation sur i Télé. Ne voulant froisser personne, il a assuré qu'il n'y avait pas de « question de niveau » entre François Fillon et l'ancien président de la République. « Nous avons des personnalités de talents à l'UMP » a poursuivi Luc Chatel. « Les Français attendent que nous jouions collectif pour présenter un projet d'alternance à ce gouvernement.»
Même son de cloche chez Raymond Soubie, président de la société de conseil Alixio, interviewé sur Europe 1. Pour lui, l'ancien président reste un « recours dans des circonstances exceptionnelles ». « Beaucoup de gens y pensent, lui aussi peut-être », tempère l'ancien conseiller social. « Nicolas Sarkozy ne mise pas sur la politique du pire, il a pris du recul par rapport à l'arène politique.»
Soubie : "Nicolas Sarkozy ne mise pas sur la... par Europe1fr
Le fan
Brice Hortefeux, membre du club politique les Amis de Nicolas Sarkozy n'a pas caché son soutien à l'ancien président de la République sur la chaîne Public Sénat. « Son état d'esprit est clair », Nicolas Sarkozy « est en plein dans la société, attentif aux préoccupations des Français », a jugé l'ancien ministre de l'Intérieur. « Son intérêt se pose sur l'avenir de notre société, qu'est-ce qui peut cimenter davantage notre communauté nationale et les grandes préoccupations qui sont celles de l'emploi, de l'environnement, de la sécurité? », a-t-il précisé.
« La politique, c'est une question d'alchimie entre l'envie, les devoirs et les circonstances », même si aucune de ces trois « conditions ne sont remplies aujourd'hui», assure Brice Hortefeux. Peut-être en 2017.
Emilie Jéhanno