Spécialiste des courses sur route terreuse, le runner de 34 ans a battu avec grande facilité le record du marathon de Colmar. Une performance qui résulte d’un travail et un aplomb que le sportif s’impose au quotidien.
Lancé sur les pistes d'athlétisme dès l'âge de six ans, Sébastien Spehler continue de surprendre, en trail comme en running. Photo Libre / Sébastien Spehler
Dimanche 11 septembre, lors du marathon de Colmar, personne ne pouvait résister à Sébastien Spehler. Le coureur de 34 ans a finalisé les 42 kilomètres du parcours en moins de 2 heures 30, un résultat qui améliore de près de six minutes le dernier record enregistré par les organisateurs de l’évènement. Une performance qui peut étonner. Ce n’est que son troisième marathon : « J’en ai juste fait un en France, et un autre en Belgique », précise-t-il. Mais pour l’Alsacien, coureur professionnel de trail, ce résultat est loin d’être une surprise : « Mon record personnel est à 2 heures 22 ! » Car Sébastien a fait ses armes sur les longues distances, au point d’en devenir champion de France de trail long en 2013. Un résultat qui a motivé sa conversion en coureur professionnel. Désormais, il avale en moyenne une centaine de kilomètres à chaque course, à travers le monde entier : « Je préfère les formats de course qui durent entre 6 et 10 heures. Par exemple, en juin dernier, j’étais en Californie pour le Western States Trail, long de plus de 160 kilomètres. »
« La course à pied, c’est mon moment »
Vainqueur des trails des Crêtes vosgiennes, du Ventoux ou encore du lac du Bourget, le palmarès est fourni pour cet amateur de courses à sentiers dits roulants, c’est-à-dire à moindre dénivelé. Un type de course qui tranche toutefois avec le marathon de Colmar, auquel il participait pour la première fois de sa carrière : « Quand j’ai besoin de courir avec plus de rythme, je fais des marathons. L’objectif, c’est alors de maintenir la même allure tout du long ». Un exercice qui peut lui servir en trail, où les montées et descentes sont sources d’irrégularité.
Et malgré ses « seuls » 42 kilomètres, le marathon garde son lot de difficultés : « L’effort est plus court, mais on n’a pas d’appuis souples comme en forêt. Avec le bitume, on finit beaucoup plus abîmé physiquement. Ça demande aussi une récupération plus longue », raconte-t-il. Et il ne faut pas oublier la dimension mentale de l’exercice : « Courir aussi longtemps, c’est toujours un dépassement de soi. Et quand on est athlète professionnel de longue date, ça arrive régulièrement de se remettre en question. » Cette solitude, Sébastien Spehler s’y est habitué dès ses 18 ans : « La course à pied, c’est mon moment à moi, sauf les quelques fois où ma copine m’accompagne à vélo », rigole-t-il.
Un soutien important du public
Pour se prémunir des éventuels dégâts de parcours, le sportif s’impose une certaine rigueur : « Pour chaque marathon, j’organise une préparation plus longue. » Des sessions supplémentaires qui s’ajoutent aux huit entraînements par semaine, qui peuvent pousser le champion à réaliser des semaines à 200 kilomètres. Les exercices peuvent être divers : sorties consacrées à la vitesse, à l’endurance ou encore aux montées. « Sans compter la longue sortie du dimanche », sourit-il. Dans le domaine de l’alimentation, il faut également être très vigilant : « La première cause d'abandon dans les courses longues, c’est l’estomac. Il faut veiller à bien manger. J’évite les aliments trop acides la veille, je préfère un repas classique à base de riz et de viande blanche », assure-t-il.
Mais la participation de Sébastien Spehler à cette course n’est pas totalement le fruit du hasard. Pour ce natif de Colmar, la perspective de sillonner les rues des localités alentours l’a vite motivé : « Certes en trail on peut observer des décors magnifiques en pleine nature. Mais le marathon, c’est un monde à part. On prend plaisir à passer dans chaque village, et recevoir les encouragements du public. » Un aparté dans le programme du coureur, qui repart très bientôt pour de nouvelles aventures. Avec une première étape en France, en octobre, au Festival des Templiers, où il visera un troisième titre. Et en ligne de mire l’Ultra Trail de Cape Town en Afrique du Sud, en novembre.
Quentin Celet
Édité par Loris Rinaldi