Il n'y a pas que les footballeurs que le grand froid perturbe. Beaucoup de sportifs sont obligés de s'adapter voire de renoncer à leur activité pendant que d'autres n'ont que faire du mercure. Bref tour d'horizon.
Le Golf club de Strasbourg, à Illkirch-Graffenstaden, n'a pas vu un seul golfeur aujourd'hui. (Photo Thibaut Gagnepain/ CUEJ)
Les matches annulés le week-end dernier en Ligue 1 ont fait beaucoup de bruit. Pourtant, les footballeurs ne sont pas les plus à plaindre, puisqu'ils peuvent encore s'entraîner. Au Racing club de Strasbourg, les coéquipiers de Milovan Sikimic s'exercent ainsi sous la halle couverte du centre de formation. "L'inconvénient, c'est qu'elle ne fait pas la taille d'un terrain, donc c'est difficile de bien travailler, détaille leur entraîneur, François Keller. Dans le contenu, on s'adapte au froid avec des séances réduites à 55 minutes environ (au lieu d'1h15) et on essaye de ne jamais laisser un joueur sur le côté pour éviter qu'il ne se refroidisse. Pour l'intensité, le moindre contact fait mal, donc j'essaie de les tempérer. Mais une fois qu'ils sont lancés, c'est difficile de les arrêter."
Les autres sports ne bénéficient pas tous des mêmes moyens : certains arrivent aussi à s'adapter, d'autres sont contraints de rester chez eux ou ne se sentent pas concernés par les chutes de températures.
Avec l'hiver, beaucoup de sportifs se réfugient chaque année en salle. Les tennismen et les athlètes en sont les meilleurs exemples. Plus surprenant, d'autres les rejoignent. C'est le cas des joueurs de base-ball qui utilisent alors des balles en mousse pour s'adonner à leur sport favori. "Nous faisons aussi du physique et travaillons différentes stratégies", explique Roland Ohlenbusch, entraîneur au club Outlaws Baseball Strasbourg. "Avec cette température, les mains sont gelées et on se fait très mal en attrapant les balles, qui sont d'ailleurs bien plus dures à cause du froid. En plus, les battes en aluminium peuvent casser."
Dans d'autres cas, si l'activité n'est pas strictement déconseillée, beaucoup préfèrent ne pas la pratiquer. "C'est dans ce genre de journées que l'on voit les vrais golfeurs», s'amuse Lucas Bensaussan, moniteur au golf du Fort, à Illkirch-Graffenstaden. "Aujourd'hui, une seule personne est venue, elle est restée quinze minutes et est repartie."
L'eau gelée pose bien des soucis aux sports aquatiques. Même dans les bassins d'eau vive, prévus pour le canoë-kayak. Le club de Sélestat interdit ainsi depuis une semaine aux mineurs de monter sur l'eau. Les plus jeunes sont envoyés à la piscine, où des exercices et jeux leur sont proposés (tournoi de kayak...). En équitation, les cavaliers sont eux-aussi orientés dans la mesure du possible vers les manèges, à l'intérieur, les chevaux pouvant glisser dehors. "On ne peut même plus arroser notre endroit sablé à l'intérieur car ça gèle", déplore une responsable du club équestre de Strasbourg, qui va donc proposer à ses élèves "des cours théoriques".
Quant aux cyclistes, la plupart préfèrent laisser leur vélo dans le garage, question de bien-être. "On roule jusqu'à -5°C avec du soleil et sans vent, détaille Gabriel Spenlehauer, président du club de cyclotourisme de Colmar. Le VTT, ce n'est pas possible non plus, les chemins sont glissants."
Tous les clubs de sport qui pratiquent leur activité habituellement en salle (basket-ball, handball, gymnastique, arts martiaux, billard, tir, ...) ne voient guère la différence en ce moment, sauf peut-être sur leurs factures d'électricité. Les sports qui se pratiquent dans des patinoires (hockey sur glace, patinage) non plus. Le ski et les sports d'hiver en général ne devraient a priori pas craindre le froid. La réalité est un peu différente. "Les gens viennent moins", avoue Pascale Tschaen, secrétaire de l'école de ski du Ballon d'Alsace. "Les parents hésitent à emmener leurs enfants lorsqu'ils voient les températures ressenties (-17°C aujourd'hui). Mais c'est une question de volonté. Samedi, j'avais des enfants de quatre ans, ils ont fait quatre heures de ski sans problème." Néanmoins, plusieurs écoles ont déjà annulé leur classe de ski.
Thibaut Gagnepain