Le candidat socialiste à l'élection présidentielle n'hésite pas à mettre son habit d'ouvrier pour damer le pion à un Nicolas Sarkozy également en reconquête de cet électorat.
Les socialistes visitent les usines comme d'autres vont au zoo ou au cinéma. C'est le cas de François Hollande, qui poursuit sa campagne et ses déplacements à la rencontre des ouvriers, dans l'espoir de récupérer leurs votes.
Selon une étude de l'institut CSA publiée en janvier, François Hollande "dispose d'un soutien potentiellement élevé chez les catégories populaires", devant Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, qui sont quasiment à égalité, la candidate FN ayant beaucoup progressé auprès des ouvriers.
Au cours de la période étudiée (d'octobre à décembre 2011), en raisonnant selon l'axe classique gauche-droite, 46% des ouvriers et des employés interrogés assurent s'identifier à un parti de gauche, contre 41% à un parti de droite, le centre ramassant les miettes. François Hollande garde donc des chances de récupérer cette partie de l'électorat.
En 2007, 26% des ouvriers avaient donné leur voix à Nicolas Sarkozy au premier tour. Ils étaient 24% à soutenir Ségolène Royal et 13% Jean-Marie Le Pen. Traditionnellement acquis à la gauche, les ouvriers et les employés auraient donc changé leur orientation politique.
François Hollande ne désespère pas de les ramener dans le giron socialiste. Depuis son investiture, il multiplie pour cela les déplacements dans les usines. Retour sur les visites clés de ces derniers mois.
En se rendant dans cette usine de placoplâtre, François Hollande avait un double objectif: faire taire la droite qui voit en lui le fossoyeur de l'industrie française, et rassurer les écologistes qui, après ses déclarations sur le nucléaire, le soupçonnent de ne pas privilégier les enjeux environnementaux.
"Je suis ici pour dire à la France qu'elle doit rester une grande nation industrielle", a déclaré François Hollande en entrant dans cette usine (relocalisée en 2010), où il a visité la ligne de production de tablettes numériques. Un peu plus tard dans la journée, il s'est adressé aux ouvriers d'Alstom et a envoyé une pique à "ceux qui viennent dans les usines pour Noël, dire qu'elles vont être sauvées et qui finalement ferment au printemps", sous-entendu Nicolas Sarkozy.
C'est l'une des rares entreprises associées à la sidérurgie encore en fonctionnement dans la région. Lors de cette visite, François Hollande était accompagné de Martine Aubry, première secrétaire du PS. Il a parlé industrie, 35 heures, TVA sociale, avant de rejoindre le site de Gandrange. Une étape symbolique puisque l'aciérie en question avait été définitivement fermée, entraînant la suppression de 575 emplois, en dépit des engagements de Nicolas Sarkozy, le 15 octobre 2009.
Accompagné de très nombreux journalistes, le candidat socialiste s'est rendu sur le premier chantier de réparation navale civile lourde en France. L'entreprise, placée en redressement judiciaire, est actuellement en difficulté. Après avoir participé à une table ronde dédiée à la mer, François Hollande a donné un meeting devant 3 000 personnes.
A 67 jours du premier tour, François Hollande est en déplacement ce mercredi à Rouen, sa ville natale, pour son deuxième grand meeting de campagne après celui du Bourget. Il doit parler réindustrialisation et dénoncer une nouvelle fois les échecs du sarkozysme. Un jour un peu particulier pour le socialiste, que son rival UMP pourrait perturber. Nicolas Sarkozy devrait en effet annoncer sa candidature officielle au journal de 20 heures de TF1.
Marine Daviller
(photo de bandeau : CC Mouvement des jeunes socialistes du Loiret / Flickr)