Cagoules et gaz lacrymogènes, barrières et projectiles. La manifestation des ArcelorMittal a dégénéré. Ils sont venus à Strasbourg pour demander au Parlement européen de mettre en place une véritable politique européenne de la sidérurgie, alors que plusieurs sites en France, en Belgique et au Luxembourg sont menacés de fermeture.
Le déroulement de la manifestation heure par heure :
18:58 : La réunion des syndicalistes avec le président du Parlement européen Martin Schultz a débuté il y a vingt minutes, avec plus de deux heures de retard.
16:52 : Les cars partent lentement.
16:45 : Deux des trois manifestants belges arrêtés ont été libérés. Pour Edouard Martin, le leader syndical de la CFDT, il n'y aura pas de réunion avec Martin Schultz, le président du Parlement européen, tant que le dernier manifestant arrêté ne sera pas sorti.
16:30 : La situation se calme. Les manifestants se replient lentement. Ils sont appelés à retourner dans les bus. Un des participants à la manifestation montre la balle de flashsball qui l'a touché au ventre.
16:24 : Les membres de la délégation de la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB) qui a rencontré les députés dans le Parlement européen se disent "déçus". Ils attendaient un front uni d'hommes politiques décidés à soutenir les sidérurgistes, mais ils ont dû se séparer pour rencontrer les différents partis un à un. En entendant les échauffourées, la délégation a décidé d'arrêter les discussions et de sortir du Parlement. Edouard Martin, le leader syndical de la CFDT de Florange annonce qu'il ne participera pas à la réunion avec le président du parlement Martin Schultz. Celle-ci doit avoir lieu à 17h30, mais semble fortement compromise.
16:06 : José Bové, député européen d'Europe Ecologie-Les Verts et une petite délégation de parlementaires vient d'arriver. Ils négocient avec les forces de l'ordre pour libérer trois manifestants.
15:50 : Un manifestant avec un mégaphone essaye de calmer le jeu. Quelques casseurs plus jeunes semblent s'être mêlés à la manifestation.
15:25 : Les pompiers viennent chercher le second blessé. Le premier se serait relevé.
15:21 : Les manifestants s'attaquent aux arrêts de tram. Ils cherchent une issue de l'autre côté du parlement pour éviter le risque d'une nouvelle charge des gendarmes mobiles.
15:20 : Vingt trois cars de manifestants sont sur place.
15:17 : Un deuxième manifestant a été blessé à l'arcade.
15:15 : Vingt cars de manifestants sont maintenant arrivés devant le parc des expositions du Wacken.
15:11 : Un manifestant belge aurait été embarqué par les forces de l'ordre.
15:03 : Un manifestant est blessé. Il a été mis en sécurité sur le côté par ses collègues. Les gendarmes mobiles chargent.
14:55 : Les manifestants construisent des barrières pour empêcher les camions des gendarmes mobiles d'approcher et certains sidérurgistes cassent des rochers pour avoir des projectiles.
Crédit vidéo: Etienne Grelet et Baptiste Cogitore
À presque quinze heures, du côté des manifestants, les premières échauffourées ont laissé place à des affrontements. Les sidérurgistes tentent de contourner le tracé du cortège prévu en passant par la place de Bordeaux où les forces de l'ordre ont installé un barrage pour les bloquer. Ils lancent des pierres vers les gendarmes mobiles, tandis que certains manifestants accusent les forces de l'ordre françaises de provocations. Un Belge s'insurge: "Un des policiers m'a dit: vous êtes pas dans votre pays, vous pouvez pas faire ce que vous voulez ici."
Vers 14 heures, plusieurs bus venus de Belgique sont toujours bloqués par des fouilles à l'entrée de la ville. Leur arrivée se fait au compte goute. Pour l'instant ils sont une dizaine de bus venus de France, du Luxembourg et de Belgique. Les manifestants belges s'impatientent.
Les premiers manifestants sont arrivés vers midi, Luxembourgeois et Florangeois en tête. Tous se sont postés derrière les mêmes banderoles, faisant face à un important dispositif policier. La manifestation a débuté dans une ambiance bon enfant. 25 cars sont attendus, dont 23 en provenance de Belgique.
Crédit vidéo: Etienne Grelet et Baptiste Cogitore
L'Union entre sidérurgistes européens est un des moteurs de la manifestation. Edouard Martin, le leader syndical de la CFDT de Florange a rappelé que leur but est de faire pression sur le parlement pour qu'il alerte la commission: "Si le président de la commission européenne Jose Manuel Barroso continue comme ça, il va réussir à faire haïr l'Europe à des européistes convaincus que nous sommes."
Les salariés d'ArcelorMittal sont inquiets. Deux sites à Florange en France et à Liège en Belgique vont être fermés partiellement, menaçant près de 1800 emplois. Ils accusent une perte opérationnelle de 2,2 milliards d'euros au quatrième trimestre, tandis que l'ensemble du groupe clôture l'année dans le rouge. Il affiche une perte nette à 3,73 milliards d'euros. Le PDG indien Lakshmi Mittal s'attend à affronter de nouvelles difficultés en 2013, "principalement sous l'effet de la fragilité économique européenne."
Il y a une semaine, de violents heurts ont opposé les Belges à la police alors qu'ils protestaient à Namur contre la fermeture du site du géant de la sidérurgie à Liège. Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes et de puissants canons à eau, tandis que les manifestants lançaient de nombreux pavés en direction des forces de l'ordre.
Crédit vidéo: CNN
Une délégation syndicale sera reçue à 17h30 par Martin Schultz, le président du parlement européen et la semaine prochaine les ministres français, wallons et luxembourgeois rencontreront les commissaires européens chargés de l'industrie et des affaires sociales. Cette réunion aura lieu à l'occasion d'une table ronde de la commission qui sera consacrée à l'avenir de la sidérurgie en Europe.
Texte et photos: Lorraine Kihl, Thibaud Métais, Charlotte Stiévenard