Jean-Noël Guérini a été convoqué par le juge Duchaine, mardi 5 février. Crédit D.R
Le président socialiste du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, a annoncé avoir été mis en examen mardi 5 mars à Marseille pour détournement de fonds publics dans une affaire de licenciement abusif présumé.
« J'ai été mis en examen », a-t-il déclaré à sa sortie du bureau du juge, s'estimant traité comme un «présumé coupable». Le sénateur des Bouches-du-Rhône a été entendu dans la matinée sur les raisons du licenciement de Jean-David Ciot, ancien membre de son cabinet au conseil général, devenu député en juin 2012 et actuel premier secrétaire de la fédération socialiste du département. Ce dernier à également été mis en examen, pour recel de détournement de fond public.
« Démission arrangée »
« J'ai expliqué qu'il s'agissait d'un licenciement transactionnel », a affirmé Jean-Noël Guérini, ajoutant avoir « pris cette décision pour être en conformité avec le rapport Richard (diligentée par le PS sur la fédération des Bouches-du-Rhône, ndlr), car j'avais pris devant la commission Richard l'engagement que le premier secrétaire fédéral ne serait plus un membre de mon cabinet ».
La convocation de Jean-Noël Guérini, puis celle de son ancien chef de cabinet prévue mardi en début d'après-midi, interviennent dans le cadre d'une information judiciaire ouverte contre X pour détournement de fonds publics, touchant aux indemnités de 22.000 euros perçues par Jean-David Ciot au printemps 2011 lors de son licenciement après neuf années passées au cabinet du président du Conseil général.
Jean-David Ciot, député de la 14ème circonscription des Bouches-du-Rhône.
La justice soupçonne une démission arrangée, destinée notamment à permettre à Jean-David Ciot de se présenter aux législatives en 2012. Des élections qu'il avait finalement remporté, face à la maire d'Aix-en-Provence, Maryse Joissains.
Pour Jean-Noël Guérini, cette affaire devrait relever simplement des prud'hommes ou d'un tribunal administratif. Selon lui, cette mise en examen démontre que « l'institution judiciaire s'acharne sur les hommes et les femmes politiques ».
« Le contradictoire n'existe que de façon timide », a déploré le sénateur, soulignant que le juge d'instruction de la juridiction interrégionale spécialisée, « toujours le même », et le parquet semblent « vouloir ouvrir autant de dossiers qu'ils ont de suspicions contre moi ».
Jean-Noël Guérini avait déjà été mis en examen
Ainsi, à la demande du juge Charles Duchaine, Jean-Noël Guérini devrait par ailleurs être entendu prochainement, sous le régime de la garde à vue, dans le cadre du dossier sur les marchés publics présumés frauduleux du département.
Mardi, Jean-Noël Guérini n'a pas souhaité révéler s'il était déjà convoqué dans ce dossier, connexe à celui dans lequel il a déjà été mis en examen en septembre 2011, notamment pour association de malfaiteurs, après son frère Alexandre. L'élu s'est borné à indiquer qu'il avait informé le magistrat de son état de santé, ajoutant qu'il allait subir des examens médicaux en fin de semaine en vue « d'une importante intervention chirurgicale ». (A la mi-janvier, l'élu avait été hospitalisé en urgence pour une péritonite). En avril 2012 le bureau du Sénat avait décidé une première levée de l'immunité parlementaire de Jean-Noël Guérini. Décision réitérée en décembre dernier, ce qui a permis la présente mise en examen.
Enfin, martelant son innocence, le président du conseil général des Bouches-du-Rhône a indiqué qu'il resterait à son poste jusqu'en 2015, soulignant qu'il serait ensuite candidat à sa propre succession. Cette mise en examen intervient alors que se tient le procès d'une autre élue socialiste des Bouches-du-Rhône, la députée marseillaise Sylvie Andrieux.
Vincent Di Grande avec AFP. |