La France aurait versé, en 2010, 17 millions de dollars pour faire libérer des Français toujours retenus au Mali aujourd'hui. L'Etat a toujours nié verser des rançons pour ses otages à l'étranger.
D'après une ancienne diplomate américaine au Mali, la France aurait cédé une rançon de 17 millions de dollars pour faire libérer les otages français enlevés au Niger en septembre 2010. Cette rançon n'a pas été suivi des effets visés puisque quatre de ces otages sont toujours retenus au Mali aujourd'hui.
« Il y a deux ans, Aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique, ndlr) a pris des Français en otages dans une mine d’uranium au nord du Niger, et pour faire libérer ces otages, la France a payé une rançon d’environ 17 millions de dollars », a témoigné Vicki Huddleston à I-télé dans une interview diffusée vendredi. Cinq Français ont effectivement été enlevés en septembre 2010 près d'un sit d'Areva au Nord du Niger. L'une de ces otages, Françoise Larribe, a été libérée en février 2011.
Vicki Huddleston, a été ambassadrice des Etats-Unis au Mali de 2002 à 2005 et chargée des affaires africaines au Secrétariat à la défense de juin 2009 à décembre 2010.
Selon l'ancienne diplomate, la rançon de 17 millions de dollars a été payée « indirectement, comme toutes les rançons ». Elle déclare que l’argent a transité par le gouvernement malien avant de finir, pour partie, dans les mains d’Al Qaïda au Maghreb (Aqmi), qui a revendiqué l’enlèvement.
Claude Guéant nie
Ses révélations vont à rebours de la position officielle française sur la question. La France a toujours affiché son refus de payer des rançons pour ses otages à l'étranger. Lors de la libération de Françoise Larribe, des sources locales avait évoqué une rançon. Un mois plus tard, le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Alain Juppé, avait officiellement rejeté la demande des ravisseurs d'un paiement de 90 millions d'euros pour les quatre otages toujours captifs.
Claude Guéant, secrétaire général de la présidence française jusqu'en février 2011, a démenti vendredi les propos de Vicki Huddleston :"Ce n'est pas parce qu'une ancienne ambassadrice des Etats-Unis déclare ce qu'elle vient de déclarer que c'est la vérité. Je maintiens que la France, l'Etat français, n'a jamais payé pour la libération d'otages. Il y a une ligne et la France s'y est toujours tenu pour sa part."
Cette réaction n'exclut pas la possibilité qu'un autre acteur que l'Etat français - par exemple le groupe Areva, employeur des otages - ait versé de l'argent pour tenter de les faire libérer. Dans un livre paru début 2012, Serge Daniel, le correspondant à Bamako de Radio France internationale et de l'Agence France-Presse, affirmait que deux sociétés françaises ont payé "13 millions d'euros" pour libérer des Français.
Les quatre otages enlevés en 2010 se trouveraient actuellement dans le nord du Mali avec les trois autres Français enlevés dans le Sahel malien, deux à Hombori en novembre 2011 et un autre à Kayes en novembre 2012.
Claire Gandanger