Hervé Moritz, président de l'association transpartisane des Jeunes Européens France, analyse les attributions de la Commission Von der Leyen.
Hervé Moritz termine son mandat de deux ans à la tête de l'association des Jeunes Européens./ Photo Mouvement Européen
Quels sont les surprises et les grands enseignements de l’attribution des portefeuilles de la nouvelle Commission ?
La répartition des portefeuilles correspond aux négociations en cours au niveau continental, avec une équipe toujours organisée autour de plusieurs vice-présidents. Certains portefeuilles sont tout de même surprenants, comme celui obtenu par le représentant grec, nommé « Protection de notre mode de vie européen », qui est quelque chose d’assez particulier reflétant un langage proche de la droite conservatrice. Une attribution à l’extrême droite comme « le voisinage et l’élargissement » qui revient au Hongrois est inquiétante. Il s’agit d’un point d’arrêt à l’élargissement tout court. Les discussions ont sans doute conduit à redécouper certains portefeuilles. Qu’une Suédoise se retrouve aux affaires intérieures et donc certainement en charge des questions d’immigration est très intéressant vu la politique d’accueil du pays. Pour la France, la position obtenue par Sylvie Goulard au marché intérieur est un très bon poste, stratégique et taillé sur mesure.
Cette Commission sera encadrée par certains poids lourds tels que Margrethe Vestager et Frans Timmermans : leurs portefeuilles traduisent-ils les priorités de l’Union européenne ?
Margrethe Vestager conserve effectivement un poste dont elle a fait un grand portefeuille, notamment en attribuant des amendes records aux grandes entreprises, dont Google, à plusieurs reprises. Cependant, sa position sur la concurrence est complétée par l’aspect numérique, ce qui est beaucoup plus large. Elle va clairement porter la politique numérique de l’Union. Quant au climat, c’était l’une des grosses priorités. Il fallait un geste fort et il fallait un portefeuille à la hauteur de Timmermans, qui avait un profil de Spitzenkandidat [terme employé pour désigner les candidats à la Commission européenne, ndlr]. Le défi numéro un du mandat lui est attribué et cela devrait ravir les écologistes.
Que penser de la nomination de l’Italien Gentiloni à l’économie ?
Encore une fois, il s’agit d’un portefeuille qui convient bien au profil du commissaire. Mais Gentiloni étant le représentant d’un pays qui connaît des difficultés économiques, il y a aussi un intérêt à ce qu’un Italien soit en charge de ce poste. Il s’agit d’un bon signe d’encouragement de l’UE et cela permettra aussi de suivre le cas de l’Italie et de conforter peut-être le gouvernement italien nouvellement constitué.
Propos recueillis par Jérôme Flury.