La France a "Besoin d'aire". Le syndicat patronal a fait son entrée dans la présidentielle mardi en présentant ses propositions pour le prochain quinquennat.
L'UMP n'a pas encore de candidat mais le Medef lui propose un programme. La patronne des patrons, Laurence Parisot a présenté mardi le programme du Medef pour les cinq années à venir. Pour le syndicat patronal la "top priorité" c'est le fédéralisme européen pour créer les "Etats Unis d'Europe", a déclaré Laurence Parisot, estimant que face à la crise "toute tentative de protectionnisme serait un désastre. Nous devons éviter tout repli, toute forme de barrière ou de restriction".
Le discours est en accord avec le plan de communication. En 2007, le Medef présentait "Besoin d'air", "les entreprises avaient besoin de respirer". Cette année, le syndicat va plus loin et ajoute un "e". "Elles (les entreprises) ont besoin de nouveaux horizons, de nouvelles frontières, besoin de conquérir", écrit Laurence Parisot en préface du projet présenté comme un véritable livre numérique. Dilués dans 260 pages esthétisées et parsemées de citations, parmis lesquelles Saint-Simon, Jürgen Habermas ou encore Madonna, "vingt-trois axes pour une compétitivité équitable" abordent les grandes orientations pour le quinquennat à venir.
À l'ordre du jour du cahier de doléance, la remise en ordre des finances publiques. Et pour ce faire tout y est : TVA "sociale", augmention de l'âge de départ à la retraite, assurances maladie privées, règle d'or.
"Un déficit public nul en 2015"
Pour le syndicat patronal, la remise en ordre des finances publiques est le préalable à toute autre réforme. Le Medef prône ainsi une accélération de la réduction du déficit public pour atteindre l'équilibre en 2015. Le gouvernement, lui, vise 2016 et le candidat socialiste François Hollande 2017.
Le syndicat souhaite privilégier une réduction des dépenses respectant le credo "2 pour 1", c'est-à-dire deux fois plus d'économies sur les dépenses publiques que de hausses des prélèvements fiscaux et sociaux. Un objectif qui passerait par l'accélération de la règle du non-remplacement des fonctionnaires d'État de un sur deux actuellement, à deux sur trois.
Hausse de la TVA
Pour renforcer la compétitivité des entreprises françaises, le Medef souhaite l'élaboration d'un nouveau pacte fiscal et social, appuyé sur une "double hélice" : baisse des cotisations salariales compensée par une hausse de la CSG, et baisse des cotisations employeurs accompagnée d'une hausse de la TVA. Une mesure qui fait fortement penser à la TVA sociale proposée par Nicolas Sarkozy. Laurence Parisot avait d'ailleurs salué l'initiative du gouvernement de transférer une partie des charges patronales sur la TVA sociale en soutien à la compétitivité des entreprises.
Retraites
Alors candidate à sa propre succession en 2010, Laurence Parisot prônait une solution "définitive" quant à la réforme des retraites. Elle craignait de voir le sujet revenir à la table des négociations "tous les 5 ou 10 ans". Aujourd'hui, c'est pourtant dans ce sens que la présidente du Medef souhaite s'engager. Elle estime que dès 2013 "il faudra de nouveau se poser la question de l'âge légal de la retraite", jugeant notamment que la réforme à 62 ans ne sera pas suffisante "pour garantir l'équilibre du régime".
Un système de santé inspiré du privé
Réforme "sans doute la plus importante", celle de l'assurance maladie en "équilibre périlleux". Laurence Parisot met en cause plus particulièrement la gouvernance du système d'assurance maladie qu'il faut revoir, pour remédier "à la situation permanente de conflits d'intérêts" au niveau des pouvoirs publics. Elle réclame une coopération plus accrue entre les acteurs des secteurs privés et publics. Aussi, le Medef souhaite engager un nouveau partage entre "solidarité, mutualisation et responsabilité". Dans ce sens, la souscription à une assurance dépendance individuelle ou collective devrait être incitée voire obligatoire. Le syndicat érige le secteur médical privé en source d'inspiration pour l'évolution du secteur public. Une orientation qui se réclame de l'esprit de la réforme de l'autonomie des Universités.
Laurence Parisot, s'est dite "assez inquiète" mardi concernant la volonté de François Hollande de renégocier le traité budgétaire européen voté fin janvier par 25 pays membres introduisant la règle d'or chère au couple Sarkozy-Merkel. La présidente du Medef souhaite la création d'un socle social européen commun. Elle s'est même prononcée pour l'élection au suffrage universel d'un président de l'Europe.
A côté de ces grands axes, l'organisation propose la création d'un ministère de la Femme afin de faire avancer l'égalité hommes-femmes. Elle a plaidé pour plus de transparence des marchés financiers. Laurence Parisot a défendu "l'avantage compétitif" octroyé par l'énergie nucléaire, une semaine après l'annonce par Nicolas Sarkozy de la poursuite de l'activité de la centrale nucléaire de Fessenheim.
Marion Kremp