Le consensus des communistes est large autour de la proposition de poursuivre la stratégie du Front de gauche. Photo: PCF de Bourges
Le Parti communiste français se réunit pour son 36ème Congrès à Aubervilliers jusqu'à dimanche. Une occasion pour le PCF de réaffirmer sa position au sein du Front de gauche, et son hostilité à la politique du gouvernement.
Le Parti communiste sortirait-il enfin de sa torpeur ? Ragaillardi depuis l'élection présidentielle dans laquelle le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon a obtenu 11,1% des suffrages, le parti ouvre son 36ème congrès dans la sérenité.
Quelque 500 invités côtoieront les 1000 délégués des fédérations aux docks d'Aubervilliers pour ce congrès qui se veut une tribune pour le changement. "Ce sera l'occasion de nous engager dans une nouvelle étape avec le Front de gauche et d'installer une nouvelle génération de délégués", assure Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. Non content d'ajouter que "le parti a enregistré 7000 adhésions sur l'année 2012, notamment des jeunes et des syndicalistes". Par ailleurs, la direction revendique 130 000 militants soit le nombre qu'elle avance régulièrement chaque année. Au PC, donc, ça s'en va et ça revient.
"Le Parti communiste est dans une bien meilleure situation qu'au sortir de l'élection présidentielle de 2007 où Marie-George Buffet n'avait obtenu qu'1,93% des suffrages", analyse Romain Ducoulombier, historien et spécialiste du Parti communiste français (1). Mais il pointe la situation paradoxale du PC: "Il fait partie du Front de gauche, dont le représentant est Jean-Luc Mélenchon (député européen), président du Parti de gauche qui ne compte que quelques milliers de militants, aucun élu au niveau national, alors que le Parti communiste repose sur près de 8 000 élus et possède une vraie puissance financière."
Position ambigüe du PCF
Réforme fiscale, droit de vote des étrangers, loi sur les licenciements boursiers... "Nous voulons confronter François Hollande à ses promesses de campagne car force est de constater que le changement se fait attendre", explique Olivier Dartigolles.
Quand, dans le même temps, les dissensions entre le Parti socialiste et le Parti communiste se multiplient: accord national interprofessionnel sur l'emploi, multiplication des conflits sociaux contre les fermetures d'usine et les licenciements, pacte de compétitivité. Autant de raisons pour la direction du parti de proposer une alternative à la "politique sociale libérale du gouvernement" et d'appeler "les citoyens qui ont voté pour la gauche à se mobiliser et à exiger un changement de cap", assure Dartigolles. La campagne du Front de gauche pour "une alternative à l'austérité", lancée à Metz le 23 janvier va dans ce sens.
Et à la direction, le discours est rôdé : le PC fait partie de la majorité politique qui a permis la victoire de François Hollande. Mais il refuse de faire partie de la majorité au Parlement "sauf pour les textes présentés au nom du changement comme le mariage pour tous". Une position ambigüe voulue selon Romain Ducoulombier. "Le PC est dans son rôle quand il critique quotidiennement la politique du gouvernement. Il ne peut pas faire autrement. Il ne peut pas être d'accord avec un gouvernement qui met en oeuvre une politique d'austérité qu'il dénonce."
Vers une réconciliation avec le PS
Or, à un an des élections municipales, le PC devra peut-être amorcer une réconciliation avec le parti socialiste s'il veut conserver ses élus. Bien que la direction du parti s'en défende, ("nous partirons sous les couleurs du Front de gauche si nous ne portons pas un vrai programme de gauche avec les socialistes"), "un accord minimal local est obligatoire avec le PS", analyse Romain Ducoulombier. "Politiquement, il est très dépendant de ses alliés et le PC voudra sauver l'essentiel".
Adriane Carroger
(1) Vive les Soviets, un siècle d'affiches communistes, éd. Les Echappées.