Quatre hôtels particuliers, propriété de l'Etat, seront bientôt mis en vente dans le 7e arrondissement de Paris. Vu le prix des transactions, on s'attend à ce que de grandes fortunes étrangères remportent le marché. Les étrangers qui s'emparent de nos bijoux de famille : fantasme ou réalité?
L’Hôtel de Galliffet, dans le 7e arrondissement, aujourd'hui siège de l'Institut culturel italien de Paris (Crédit : marsupilami92 via Flickr)
“Soit des princes qataris, soit des Russes ou encore des Chinois.” Les procédures de vente ne sont pas encore lancées, mais déjà Yves Deniaud, président du Conseil de l'immobilier de l'Etat, peut deviner le profil des acquéreurs pour les quatre hôtels particuliers que l'Etat met en vente dans le 7e arrondissement de Paris (l'hôtel de Clermont, l'hôtel de Broglie, l'hôtel de Vogüé et l'hôtel de Mailly-Nesle). La phrase, citée par l'AFP, n'est pas anodine. Elle sous-entend que seuls les étrangers sont en mesure de s'offrir les bijoux de la princesse.
A France Domaine, l'agence étatique en charge de la cession des biens nationaux, on tient à relativiser la situation. “Sur des biens de ce type, les sollicitations d'acteurs étrangers représentent 25%”, explique Côme de Combourg, chargé des relations extérieures. Et contrairement à la caricature parfois relayée dans l'opinion publique, les princes russes ou qataris ne dominent pas le marché. “Le mythe des grandes fortunes étrangères ne tient pas dans les faits. Ce sont plus souvent des Etats qui cherchent de nouveaux locaux pour y installer leurs ambassades ou bien des établissements culturels. Je pense notamment au siège de Météo France à Paris racheté par l'Etat russe en 2010 et qui accueillera bientôt un centre spirituel et culturel orthodoxe russe”, poursuit-il.
Côme de Combourg assure en revanche que rien ne peut empêcher un acquéreur étranger d'acheter les biens de l'Etat car les critères de sélection ne prennent pas en compte la nationalité. “Les critères sont d'abord financiers. Ensuite nous effectuons une pondération en fonction du projet de l'acheteur, surtout s'il s'agit d'un bien classé patrimoine historique”, commente-t-il.
Au Conseil supérieur du notariat, on rappelle que les achats de biens prestigieux –vignobles, châteaux, villas– par des personnalités étrangères sont “marquants mais rares”. Selon un rapport publié en avril 2011, les acheteurs étrangers représentaient 5% des achats immobiliers en 2010. Ce sont les Britanniques qui forment le contingent le plus important, représentant un acheteur étranger sur quatre, suivis des Belges et les Italiens à 10%. Viennent enfin les Allemands, les Néerlandais et les Espagnols. Les milliardaires russes ou moyen-orientaux, s'ils achètent effectivement en France, ne sont donc pas encore entrés dans les statistiques.
Anne-Claire Poirier