Ce jeudi, les sénateurs du groupe CRC (communiste) défendront une proposition de loi interdisant les licenciements "boursiers". Pour Christophe Ramaux, économiste membre du Conseil scientifique d'Attac, cette mesure est un coup d'épée dans l'eau.
Amenée dans la campagne présidentielle de 2012 par Ségolène Royal, la question des licenciements "boursiers" va être soumise au vote du Sénat ce jeudi. Adoptée par la commission des Affaires sociales du Sénat, la proposition de loi déposée par le groupe communiste, républicain et citoyen (CRC) entend inscrire dans le Code du Travail qu'un licenciement économique prononcé par une entreprise qui a distribué des dividendes lors de son dernier exercice comptable est "réputé sans cause réelle et sérieuse". Pour les sénateurs du groupe CRC, la proposition de loi vise à "mettre un terme à ce scandale que constituent les licenciements économiques effectués par des entreprises bénéficiaires pour des raisons purement financières, en dehors de toute nécessité économique ou industrielle, dans le seul but de distribuer des dividendes encore plus élevés".
"Pas la solution aux problèmes d'emplois"
Mais cette proposition n'enthousiasme pas Christophe Ramaux, chercheur au Centre d'économie de la Sorbonne-Matisse et membre du conseil scientifique d'Attac. "Je ne pense pas que ce soit la solution aux problèmes d'emplois, explique l'économiste. Je suis favorable au durcissement du droit du travail, mais le discours contestataire reste trop prisonnier du discours libéral. On ne résoudra pas le problème du chômage en interdisant les licenciements, mais en modifiant totalement la politique macro-économique du gouvernement."
Sans s'opposer à cette loi, Christophe Ramaux n'en reste pas moins sceptique : "Il ne faut pas surdimensionner cette histoire, affirme-t-il. Le licenciement économique, c'est environ 5% des licenciements, ce qui est marginal. Je ne suis pas contre cette loi, qui pourrait sécuriser un peu plus les travailleurs, mais ce qui me gêne, c'est qu'on laisse croire aux gens que c'est suffisant. Par ailleurs, une entreprise - notamment les petites - n'a pas à attendre d'être dans le rouge pour se réorganiser."
Victor Patenôtre
(Photo d'appel: JamyBe)