Les pharmaciens se sont rassemblés jeudi 18 septembre, à Strasbourg, pour protester contre une mesure qui menace leurs marges et pourrait causer la fermeture de 6000 officines, selon les syndicats. Les organisateurs ont été reçus à l’ARS et à la préfecture.
Bien visibles avec leurs gilets jaunes floqués « pharmaciens menacés, santé en danger », ils étaient une centaine à se rassembler devant la cité administrative de Strasbourg, ce jeudi 18 septembre, dès 9 h. Ils travaillent en officine, et sont venus alerter sur le risque que pose un arrêté adopté par le gouvernement cet été. Le texte acte, depuis septembre, la baisse de la réduction de 40 % à 30 % (puis 20 % en 2027), des remises pour acheter les médicaments génériques auprès des laboratoires pharmaceutiques. Cette mesure entraînerait mécaniquement une baisse des marges des pharmacies, qui y voient un danger pour leur économie.
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« Pendant le Covid-19, on était sollicités tout le temps, et là, on nous poignarde dans le dos », s’insurge Chantal Windstein, 65 ans. Elle travaille à La Petite-Pierre, commune rurale du Bas-Rhin, située à une vingtaine de kilomètres au nord de Saverne. Aujourd’hui, elle participe à sa première manifestation car, comme ses confrères et consoeurs, elle « aimerait bien avoir du boulot à la fin de l’année ». Elle dénonce une surcharge en zone rurale, qui risque d’empirer leurs conditions de travail, voire de les laisser sur la paille.
Combler l’absence de médecins
Sa collègue Johanny Scheffler, 29 ans, préparatrice, est aussi en colère : « On n’est que quatre, c’est une petite équipe. Moins il y a de personnes, plus les amplitudes horaires sont dures à tenir. » Une situation d’autant plus tendue en zone rurale, où le seul praticien disponible est bien souvent le pharmacien, à défaut de médecin. L’équipe reçoit aussi le soutien des patients : « Ça fait chaud au coeur. »
De nombreux efforts, pour une reconnaissance qui n’est pas à la hauteur, selon les grévistes. « Dans chaque pharmacie, il y a un emploi en péril à cause de cette nouvelle mesure, et les structure rurales, déjà affaiblies, sont encore plus en danger », résume Claude Windstein, mari de Chantal, titulaire de la pharmacie de La Petite-Pierre,
et co-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.
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Pour Antoine Mamet et Jules Demangeat, 22 ans, tous les deux et étudiants en 4e année de pharmacie à Strasbourg, l’avenir reste incertain : « On ne va pas arrêter nos études maintenant, mais si la mobilisation ne marche pas, on n’aura pas de travail.
Les officines ont déjà du mal à recruter. Il faut que le futur gouvernement reprenne vite ces dossiers. »
Une manifestation dans le calme
La délégation syndicale a été reçue à 9 h 30 par le directeur de l’ARS (Agence régionale de santé), et s’est ensuite élancée en direction de la préfecture, pour un échange prévu à 11 h 30 avec le sous-préfet du Bas-Rhin. Le cortège, composé d’environ 200 personnes, a accompagné ses représentants jusqu’à la place Broglie,
au son de la sirène du mégaphone. L’atmosphère est restée calme, comme souhaité par les forces syndicales, animée tranquillement par les échanges entre collègues,
en attendant le retour des organisateurs.
C’est Claude Windstein qui a repris le mégaphone pour rendre compte de l’entretien avec le sous-préfet : « Il a été très sensible au risque de disparition de 6000 officines, dans les prochaines années. On compte sur leur soutien pour faire une remontée directe jusqu’au futur ministre de la Santé. Et s’il faut revenir dans la rue, on
reviendra ! »
Gaïa Herbelin
Édité par Clémentine Soupart--Lejeune