Matignon a donné son feu vert, mardi, pour l'ouverture d'une salle de consommation de drogue à Paris. Le ministère de la Santé est chargé de la mise en place du projet.
Paris aura bel et bien sa salle de shoot. Matignon annonce ce mardi la mise en place d'une expérimentation, en partenariat avec la Mildt (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et toxicomanies) et le ministère de la Santé.
Le communiqué officiel ne précise aucun calendrier d'implantation, et l'on ignore encore à quel endroit sera ouverte cette salle de consommation de drogue, bien que l'hypothèse du 10ème arrondissement revienne régulièrement. Le maire du quartier, Rémi Féraud, s'est par ailleurs "réjoui" de la décision du gouvernement, estimant que cette initiative "fera progresser la santé publique et la sécurité publique." L'élu espère une ouverture "avant l'été."
En 2012, la ministre de la Santé Marisol Touraine avait promis des expérimentations "dans le courant de l'année 2013" et avait confié à la Mildt une "étude de faisabilité." Plusieurs villes -de gauche comme de droite- s'étaient alors portées candidates, le 10ème arrondissement de Paris en tête. Le 10 décembre, la Mairie de Paris a ainsi voté une subvention de 38 000 euros en faveur de l'association Gaïa Paris pour lui permettre de préparer l'ouverture de cette future salle de shoot.
En France, les salles de shoot existent déjà... ou presque
Aujourd'hui, plus de 90 salles de shoot existent dans un certain nombre de pays européens, parmi lesquels la Suisse et le Luxembourg. En France, elles sont encore illégales, mais les choses changent. Depuis 2011, un programme baptisé Aerli (Accompagnement et éducation aux risques liés à l'injection) a été mis en place, discrètement, dans huit villes françaises. Son fonctionnement est similaire à celui d'une salle de shoot : des lieux réservés à l'injection, un matériel désinfecté et une pratique encadrée par des professionnels de la santé.
Fort de 200 volontaires, en partenariat avec l'Inserm, Aides et Médecins du monde, il vise à sensibiliser les toxicomanes aux risques liés à l'injection "sauvage" en les incitant à venir consommer dans des Caarud (Centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues). Selon Aides, 40 à 60 % des usagers de la seringue seraient porteurs du VIH en France.
Des résultats "mitigés" pour l'UMP
Malgré ces chiffres et une consommation de drogue toujours plus importante en France, l'ouverture des salles de shoot divise. Quand l'UMP se targuait d'une politique ultra-répressive et mettait en avant les résultats mitigés des salles de shoot européennes, le candidat Hollande avait, lui, promis des "expérimentations", en rappelant qu'il faudrait "évaluer l’impact de ces démarches sur la santé et la tranquillité publique." A l'heure de l'ouverture de la première salle de shoot française, il incombera aux élus de faire accepter aux Parisiens la présence d'une telle structure dans leur quartier.
Thibault Prévost