Dans un interview au Figaro magazine, à paraître samedi, Nicolas Sarkozy a annoncé un référendum sur le droit de vote des étrangers et les conditions d'indemnisation des chômeurs. Les réactions ont été immédiates.
Crédit photo: Arthur de Laborde-Noguez
A droite toute. Nicolas Sarkozy, distancé dans les sondages par François Hollande, a décidé d'utiliser l'arme gaulliste du référendum. Dans un interview accordé au Figaro magazine, il propose d'organiser deux consultations, l’une sur le vote des étrangers, et l’autre qui impose aux chômeurs d’accepter la première offre d’emploi après une formation financée par l’Etat. Politiques et éditorialistes ont aussitôt réagi.
A gauche, la tactique est dénoncée avec force. Pour Eva Joly, interrogée sur France info vendredi matin, c'est tout simplement « scandaleux de faire passer les chômeurs, qui sont 4 millions dans notre pays, pour des fainéants ». Une sévérité partagée par François Bayrou, en marge de son déplacement dans l'Orne. Le candidat du Modem a jugé l'idée de "pernicieuse, qui montre à quel point le pouvoir est aujourd'hui dans le désarroi". Même son de cloche au Front de gauche. Il s'agit « d'une manipulation grossière d'un président à l'agonie", a tranché, dans un communiqué, François Delapierre, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon.
Du côté du PS, François Hollande a répliqué jeudi, lors de son déplacement à Orléans. Il a dénoncé "la manie d'opposer les français et la stigmatisation des populations les plus fragiles, des chômeurs et des immigrés".
Pour Marine Le Pen, candidate du Front National, qui s'est exprimée vendredi midi sur BFMTV, Nicolas Sarkozy n'a "aucune crédibilité" pour organiser des référendums sur le chômage et l'immigration. "S'il existe des abus, des profiteurs, il n'a justement rien fait pour séparer le bon grain de l'ivraie."
"Un premier référendum en cinq ans"
La stratégie Sarkozy fait sourire certains éditorialistes. " Surprise, crac boum, badaboum : notre Président nous propose un référendum — et même deux d’un coup ! C’est gentil de nous demander notre avis. C’est d’ailleurs la première fois en cinq ans, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire ", s'amuse Francis Brochet, au Progrès. Pour Paul Quinio, dans Libération, " le candidat Sarkozy cherche à sauver les meubles. Et son recours au référendum ressemble à une dernière bouteille à la mer envoyée par un capitaine sans boussole".
Le Figaro, lui, n'est pas choqué par les annonces du président de la République. « Demander directement aux Français ce qu’ils en pensent, plutôt que de tenter de les contourner, n’a rien de scandaleux", juge Paul Henri du Limbert.
"Un gadget pré-électoral"
"Avec ce genre d'annonce, on est dans le gadget pré-électoral", a estimé Bernard Thibault, en marge d'une visite dans une papeterie de l'Eure. Le secrétaire général de la CGT a accusé le chef de l'Etat de "livrer en pâture les chômeurs pour détourner les regards sur les vraies raisons de la crise."
La Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) a jugé "peu réaliste" la proposition du président concernant le chômage. Elle a rappelé que les demandeurs d'emploi sont aujourd'hui, en théorie, tenus d'accepter une deuxième offre d'emploi sous peine de radiation. "Mais dans la réalité, cette mesure est peu appliquée en raison des difficultés d'interprétation de la définition d'une offre raisonnable d'emploi, au regard de critères salariaux et géographiques."
Natacha Muzy avec AFP