Les mises sous scellés de drogue s'accumulent dans le commissariat central de Roubaix. (capture décran google streetview)
Dans le commissariat de la ville du Nord, les forces de l'ordre se plaignent de l'odeur et des effets indésirables d'une trop grande entreposition d'herbes et de résine dans leurs locaux.
Odeur dérangeante, maux de tête et image dégradée, les fonctionnaires du commissariat central de Roubaix en ont assez de subir les méfaits du cannabis entreposé dans leur lieu de travail. Stockées dans des armoires blindées au rez de chaussée et premier étage, les mises sous scellés de drogue s'accumulent depuis plusieurs mois et provoquent des effets méconnus jusqu'ici. A tel point que des policiers auraient été contrôlés positifs au test salivaire de dépistage du cannabis. Le syndicat Unité SGP Police dénonce la situation et saisit la justice pour accélérer la destruction des scellés incommodants.
« Il suffit d'entrer et là vous sentez carrément que ça sent le cannabis dans le commissariat (…) on met quand même en danger la vie de nos collègues », s'est plaint mardi 18 février au micro de France Info le secrétaire départemental d'Unité SGP Police. « Ca la fouterait un peu mal de voir des fonctionnaires de police contrôlés positifs au cannabis » grince Fabrice Danel. D'autant plus que l'image du commissariat du Nord a déjà été considérablement écornée en 2000, lors d'une affaire de trafic interne de cannabis.
"Ça la fouterait un peu mal de voir des fonctionnaires de police contrôlés positifs au cannabis"(Unité SGP Police du Nord)
Accélérer la destruction des scellés
Afin de mettre fin aux rumeurs et aux soucis de santé des forces de l'ordre, le syndicat des policiers demande au parquet d’accélérer les mesures de destruction des stupéfiants. Un système qui s'est ralenti depuis une circulaire ministérielle d'octobre 2009, qui a accru la réglementation autour des opérations de destruction de preuves. Depuis lors, ces procédures doivent être formellement orchestrées par le directeur de greffe, au parquet donc. Ce ralentissement des rouages judiciaires a favorisé l'accumulation de résine et d'herbes dans une ville où les infractions liées à l'usage ou la revente de drogue sont fréquentes et en augmentation.
Le cannabis est le produit illicite le plus consommé dans l'Hexagone en 2013 selon l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT). Et Lille, ville voisine de Roubaix, serait de loin la plus grande consommatrice européenne, avec 999mg/jour/1000 habitants, soit cinq fois plus qu'Amsterdam, la prétendue capitale du cannabis, selon une étude de 2013 réalisée par l'Université Paris-Sud.
Clémence Lesacq