« Dehors les nazis », « Plus jamais c’est maintenant » : ces phrases figurent sur les pancartes des manifestations contre le parti d'extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) dans toute l'Allemagne.
En Allemagne, plus de 14 millions de personnes se rassemblent contre le parti politique de droite Alternative für Deutschland. © Christian Lue
Que se passe-t-il en Allemagne ?
Depuis un mois, le pays connaît une vague de protestations de grande ampleur dans certaines villes. Des centaines de milliers de personnes descendent dans la rue pour manifester contre l’idéologie extrémiste et anti-discriminatoire du parti allemand Alternative für Deutschland (AfD, alternative pour l’Allemagne) dont le succès ne cesse de croître depuis des années.
Selon Le Monde, plus de 1,4 million de personnes sont descendues dans la rue depuis la mi-janvier. Plus de 580 rassemblements pacifiques ont eu lieu pour s’opposer au mouvement d’extrême droite en Outre-Rhin. Une manifestation à Munich le 21 janvier a même été interrompue en raison du nombre de participants trop important. Selon la police, 100 000 personnes s'y sont rendues, les organisateurs parlent eux de 250 000, comme l'a rapporté le média Bayerischer Rundfunk. D'autres manifestations sont prévues dans toute l'Allemagne jusqu'à la fin du mois.
Un scandale de trop ?
Une enquête a mis le feu aux poudres contre le parti d’extrême droite. Correctiv a rendu publique une réunion de la droite et de l’extrême droite le 25 novembre. Lors de cette réunion à Potsdam, quelques politiciens de l'AfD ainsi que des membres de la CDU et de la très conservatrice Werteunion (l’Union des valeurs) étaient présents. L'objectif de la réunion aurait été un « plan secret contre l'Allemagne ». Présent, l'Autrichien Martin Sellner, figure de longue date du mouvement identitaire d'extrême droite, a parlé d'un plan directeur et évoqué l'idée de « remigration ». Un projet d'expulsion massive pour renvoyer d’Allemagne jusqu'à 2 000 personnes vers l'Afrique du Nord. Cela concernerait des demandeurs d’asile, des étrangers ainsi que des citoyens allemands qui ne seraient pas assimilés selon lui.
Que s’est-il passé depuis les manifestations ?
Selon le sociologue Matthias Quent, le parti « panique » et tente de présenter les manifestations comme des mises en scène. En les comparant aux défilés des nationaux-socialistes ou des communistes de l’ex-RDA, le parti souhaite délégitimer les manifestations. Matthias Quent ajoute que l'AfD doit veiller à conserver une image positive auprès des électeurs. En effet, pour la première fois depuis deux ans, l'AfD enregistre la plus forte baisse des intentions de vote et se situe à 19 %, selon un sondage Insa réalisé pour le « Bild ». Néanmoins, les demandes d'adhésion n'ont pas été affectées par les manifestations. Entre le 10 janvier et le 22 janvier, 1400 nouvelles demandes d'adhésion ont été reçues par le parti.
Johanna Mohr
Édité par Alexia Lamblé