Vous êtes ici

Le module est validé, il peut être inséré dans un article pour être consulté par les internautes.

La Fédération du libre et du hack en Alsace est née en 2017 de la coopération entre sept associations locales. Elle promeut les principes du logiciel libre, de la neutralité du Net et de la défense de la vie privée en ligne.

« Ne nourrissez pas le Google ! » L'autocollant qui orne l'ordinateur de Valentin Grimaud, président de l'association Alsace Réseau Neutre, est sans équivoque. Tout comme « Je bloque les publicités », « I <3 free software » (« J'aime le logiciel libre »), ou encore « Je chiffre mes communications ». « Notre ligne, c'est la technologie au service de l'humain », explique le hackeur. « Nous », c'est la Fédération du libre et du hack en Alsace.

La cassette audio contient l'enregistrement de la performance. Chaque participant repart avec la sienneCrédit photo : CUEJ / Anne Mellier

Crédit infographie: Cuej / Thomas Porcheron

Le baby-foot dans le hall de Semia  Crédit photo: Cuej / Thomas Porcheron

Clément Sorin de la start-up Teewii  Crédit photo: Cuej / Thomas Porcheron

L'incubateur Semia accueille des start-up à Strasbourg  Crédit photo: Cuej / Thomas Porcheron

L'antenne Wifi, un lien vers Internet essentiel pour les hackeurs. Crédit photo : Cuej / Pierre-Olivier Chaput.

Chaque vendredi soir, les hackeurs du Hackstub ouvrent leurs portes aux curieux. Dans les locaux du Shadok, le collectif s'adonne autant à l'informatique qu'à la cuisine et au débat éthique.

Sur des canapés bas dans un angle sombre du premier étage du Shadok de Strasbourg, une poignée de personnes discutent doucement. En s'approchant, on peut entendre des termes comme « clés de chiffrement », « tunnel VPN » ou encore « certificat SSL ». Tous les vendredis soirs, le Hackstub ouvre ses portes, ou plutôt celles de l'ancienne usine Bischwiller, sur la presqu'île Malraux. C'est là que se trouve le « hackerspace », sorte de laboratoire communautaire où les passionnés et les amateurs bricolent et mettent en commun leurs savoirs, le plus souvent dans l'informatique. Depuis que la fédération alsace.netlib.re a obtenu son petit coin à elle dans l'espace de travail partagé strasbourgeois, les hackeurs ont pris leurs aises. À l'approche du week-end, ils arpentent souvent seuls cet espace au décor encore essentiellement constitué de béton armé.

Ce 17 mars, l'étage est occupé par une exposition, reléguant le collectif de bidouilleurs dans ce recoin peu éclairé. On y retrouve Valentin, d'Alsace Réseau Neutre, qui discute avec deux nouvelles têtes des difficultés à établir un véritable anonymat sur Internet. De l'autre côté de la table, une étudiante en art raconte son expérimentation intitulée #BalanceTonPortable (lire notre reportage). Plus tard, la petite troupe monte d'un étage jusqu'à l'espace de coworking déserté et rejoint les habitués qui y ont déjà déployé leurs ordinateurs. Dans la cuisine commune voisine, la « stammtisch », table des rencontres où l'on partage à boire et à manger, se met en route. Irina et Jérémie, membres actifs du collectif, passent derrière les fourneaux. Au menu : spätzle aux pruneaux tandis que la discussion dérive doucement entre la configuration d'antennes radio et les dernières avancées en matière d'intelligence artificielle.

Vers minuit, Jérémie raccompagne les visiteurs. Pour lui, le premier jour du week-end ne va pas rimer avec « grasse matinée » mais plutôt avec « atelier à préparer ». Samedi, il doit animer un Network and magic, « jeu de rôle sérieux » qui vise à faire comprendre le fonctionnement d'Internet.

Pierre-Olivier Chaput

Il n’existe aucune définition officielle de la start-up. La traduction littérale donne « société qui démarre ». Souvent liée au monde du numérique, la start-up embrasse tous les secteurs de l’économie: industrie, agro-alimentaire, transports…
L’historien Patrick Fridenson, historien des entreprises et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess), définit la start-up par trois caractéristiques : la perspective d’une forte croissance, l’usage d’une nouvelle technologie et le besoin d’un financement massif par des levées de fonds.

 

Distribué par Monoprix et au chômage

Non loin de Sémia, dans le chic café Brandt, les yeux bleu profond d’Alexis Wydra scrutent la fenêtre mouillée par la pluie. L’histoire de sa start-up, Aztek, une marque de jus de pastèque, est assez particulière. Quelques mois à peine après son lancement, Alexis Wydra et son associé signent un contrat avec Monoprix et vendent leur boisson dans les 220 magasins de France pendant trois mois. « Prendre un énorme client dès le lancement, c’est très rare », se félicite-t-il. Le produit se vend très bien, l’enseigne leur propose de poursuivre la collaboration. Aujourd’hui, pourtant, Alexis est au chômage, et il aurait fermé sa boîte si deux investisseurs ne l’avaient pas rachetée in extremis. « On part sans dettes, c’est déjà ça », se rassure-t-il.

Dans son récit, un mélange de fierté et de frustration, teintée d’une pointe d’amertume. « C’est un peu un échec », reconnaît-il à demi-mot. Mais aucun regret. « A un moment, il a fallu qu’on investisse pour développer l’emballage, la communication, pour au moins 200 000 euros. On n’a pas voulu risquer de l’argent qui ne nous appartenait pas. » D’où la fin de l’aventure. Contrairement à la plupart des start-uppeurs, il ne parle pas de « business model », de « marketfit ». Les mots « innovation », « projet », « progrès » ne font pas partie de son vocabulaire.

La précarité l’a toujours accompagné. « On ne s’est jamais pris de salaire sur Aztek. J’avais un autre travail à côté pour gagner ma vie. C’était très éreintant, tu te mets sur les rotules. » Il ne fait pas partie des chanceux incubés par Sémia. « Ils nous ont dit que le concept n’était pas assez innovant. L’agro-alimentaire, c’est moins vendeur que le numérique. » Serait-il prêt à se relancer ? Pourquoi pas. Mais ce n’est pas sa priorité. Il souhaite d’abord… passer par le salariat.

Thomas Porcheron

Pages