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Des lieux sans espoir
L’addictologue Jean-Jacques Maglia remarque aussi que les consommations d’alcool fort se font de plus en plus jeune : « L’effet de groupe est plus intense dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Cela peut jouer sur le fait que la consommation d’alcool ou de drogues illicites se développe plus rapidement. » De là à établir un lien entre augmentation des dépendances et pauvreté, il reste prudent : « Il ne faut pas généraliser. Ce n’est pas forcément à cause des problèmes économiques que les personnes sombrent dans l’alcoolisme. C’est un fléau qui touche tous les milieux sociaux. Dans les zones où il y a de l’emploi, il y a aussi des personnes alcooliques. Néanmoins, on ne peut nier la réalité des vallées où des secteurs entiers dépendaient des anciennes industries textiles. Ce sont des lieux où il n’y a plus d’espoir. »
    Les pompiers sont les seuls à oser la corrélation entre augmentation des dépendances à l’alcool et difficultés économiques. Près de 70% des sorties concernent les secours à la personne, 8% les incendies, 22% des opérations diverses et 7% les accidents sur la voie publique. Au Service départemental d’incendie et de secours de Vosges, les interventions à caractère social ont augmenté depuis 2005. Le standard reçoit de plus en plus d’appels pour des personnes alcoolisées mais aussi des tentatives de suicide.
« On enregistre une hausse des interventions pour les tentatives de suicide. Depuis 2008, ce qui est surprenant, c’est le passage à l’acte qui a fortement augmenté », s’alarme Michaël Pierrat, médecin lieutenant chef des sapeurs-pompiers. Le nombre de personnes qui se sont donné la mort à domicile a plus que doublé de 2008 à 2011 (31 à 71). « Ces chiffres sont internes et ne prennent en compte que notre activité. Ils n’ont pas de valeur statistique, mais nous ressentons cette hausse au quotidien. Et nous pensons que c’est lié à la crise économique. Les personnes sont désespérées », affirme Michaël Pierrat.
    Les pompiers commencent à travailler en collaboration avec les assistantes sociales depuis 2004 en signalant les personnes en détresse remarquées lors des interventions. Mais les liens entre les deux catégories de professionnels ne sont pas encore officialisés, à leur grand regret.
Adama Sissoko

Alors qu’il menait une carrière professionnelle riche et variée, Philippe a perdu pied le jour où sa femme l’a quitté.

Femme battue,
 Josie demande le divorce il y a dix ans. 
Depuis, elle a doucement basculé 
dans la pauvreté, 
sans aucun regret pourtant.

Claude Marchal, Secours catholique des Vosges : l'apparition d'une population nouvelle.

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En ce qui concerne les diplômés, les Vosges sont encore en retrait. Si 61 % de la population française est diplômée (CAP, BEP, Baccalauréat, brevet professionnel, diplôme d’études supérieures), 54,2 % des Vosgiens sont dans une situation analogue.

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Globalement, le département des Vosges est plus faiblement diplômé que l’ensemble de la population française. Près d’un Vosgien sur deux est peu ou  pas diplômé : 45,7 % de la population départementale n’a soit aucun diplôme, soit s’est arrêtée au certificat d’études primaires ou  au BEPC. Au niveau national, seuls 39 % des Français sont dans cette situation.

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Les plus de 60 ans représentent 24,9% des habitants des Vosges en 2009 contre 22,6% au niveau national. Ce n’est donc pas étonnant que les retraités soient surreprésentés, avec 30,3% des personnes en âge de travailler, soit 4,1 points de plus que la moyenne française.
L’indice de vieillissement, nombre de 65 ans et plus sur le nombre de moins de 20 ans, accentue la différence France/Vosges. En 2009, l’indice était de 77,8 pour les Vosges et de 66,8 pour la France.

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Depuis six mois, Cinar peine à rendre 
son kébab rentable et accumule les factures.
Il a investi toutes ses économies 
dans son commerce.

Claude Marchal, 
Secours catholique des Vosges : « Aujourd’hui, beaucoup de personnes viennent nous voir pour des besoins élémentaires »

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