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Le New-York Times souligne la productivité des Français

De l’autre côté de l’Atlantique, le New York Times dépeint les Français et leur « mentalité, où la vie active est vue comme une corvée, et la retraite comme une libération. » Les récentes manifestations ne viennent pas sans « un air de déjà-vu », commente l’éditorialiste et historien Robert Zaretski pour le journal américain qui s’interroge également : « Les Français sont-ils tout simplement paresseux ? »

Il reconnaît cependant que la productivité au travail des Français est « largement supérieure » à celle de ses voisins européens, dépassant même la moyenne des pays du G7. Et de conclure : si on critique les Français pour leurs aspirations à une retraite précoce, où il resterait du temps pour les loisirs et le bénévolat, alors cela serait plutôt la preuve d’une « paresse d’esprit » des autres pays.

Lucia Bramert

Édité par Luc Herincx

La presse britannique tacle les grévistes

Même son de cloche dans les colonnes du Spiegel. Si une telle résistance contre une réforme assez « douce » peut être perçue comme « ridicule », Britta Sandberg, journaliste pour cet hebdomadaire de référence allemand, observe qu’il ne s’agit plus, depuis longtemps, d’un combat contre deux années de travail supplémentaires, mais d’une « bataille de crédibilité politique, de promesses non tenues et, comme toujours dans les conflits sociaux en France, de lutte des classes ». On pourrait presque y lire une certaine admiration pour les Français qui ne cessent de s’y opposer.

En revanche, la presse au Royaume-Uni, un pays qui connaît très peu de manifestations, se montre plus dubitative. Le Daily Telegraph, un quotidien conservateur, compare la grève en France à « un sport national », où les travailleurs sont si souvent en grève « qu’ils en oublient pour quel emploi ». La poursuite de la grève dans les transports, les hôpitaux et les dépôts de carburant pourrait « paralyser le pays », souligne la BBC, en évoquant le possible échec d’une « une réforme sérieuse ».

Depuis que le gouvernement a annoncé une réforme des retraites avec notamment un report de l'âge de départ de 62 à 64 ans d'ici 2030, le pays se tend. Le reste du monde observe l’Hexagone avec curiosité – et une bonne dose d’amusement.

« Partir à la retraite à 64 ans avec une pension complète, beaucoup de personnes en Europe ne peuvent qu'en rêver », constate Die Tageszeitung, quotidien de gauche allemand. L’âge de la retraite en France est beaucoup plus bas que dans la plupart des autres pays européens : l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne ont décidé de le porter à 67 ans, au Royaume-Uni il est de 66 ans.

Die Tageszeitung estime pourtant que la simple comparaison avec l’âge légal de départ dans d’autres pays « n’est toutefois pas pertinente », vu le contexte français très particulier. En effet, depuis que le président socialiste François Mitterrand a abaissé l’âge de départ à 60 ans en 1981, cette retraite plutôt précoce est considérée par une partie des Français comme un acquis social et « une pièce maîtresse » de toute la politique sociale. L’âge de la retraite serait donc devenu « une vache sacrée » – et le relèvement de ce dernier pour les personnes nées après 1961 équivaut donc « à l’abattage annoncé » de l’animal, explique le journal en filant la métaphore.

« Les Français sont-ils paresseux ? » titre l’hebdomadaire allemand Der Spiegel sur les contestations de la réforme des retraites, en France. Entre étonnement, critique, et encouragement, le projet de loi interpelle la presse étrangère.

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Olivier Dussopt, élève en terminale au lycée Boissy d’Anglas, en 1996. © Lycée Boissy d’Anglas

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Olivier Dussopt profitait des portes ouvertes du Lycée Boissy d’Anglas, à Annonay, en 2017, pour visiter l'établissement où il avait étudié. © Lycée Boissy d’Anglas

« Il a une capacité de maîtrise des dossiers impressionnante. Il est aussi capable de parler une heure sans notes », souligne Gabriel Trombert, son ancien professeur de SES. « Il était brillant, dès son premier mandat [de maire d’Annonay, entre 2008 et 2014]. Il avait réponse à tout, et se montrait très humaniste », complète un proche qui a accompagné Dussopt dans toutes ses campagnes électorales.

À l'origine proche de l’aile gauche du Parti socialiste, le maire d’Annonay est réélu député en 2017 sous l’étiquette PS face à un candidat de la République en marche. D’ailleurs, Dussopt traîne une querelle avec le président de la République Emmanuel Macron qui remonte à 2014. Il avait traité le ministre de l’Économie de l’époque de « connard ». Pourtant, en novembre 2017, sous l’actuel président, il rejoint le gouvernement d’Édouard Philippe. Un virage à 180 degrés vécu comme une « trahison » par nombre de ses alliés politiques et d’Annonéens.

Il continue de fédérer malgré ses revirements

« Beaucoup de ses anciens collègues [à la mairie d’Annonay] ne sont pas d’accord avec lui, mais le suivent, car on lui fait confiance. » Cette position du proche de Dussopt résume le ressenti d’une frange de la municipalité ardéchoise – pourtant toujours socialiste, depuis l’élection de Simon Plénet en 2020 –, qui reste fidèle au ministre.

« C’est quelqu’un que j’ai apprécié et que j’apprécie toujours, car je sentais son honnêteté, sa franchise, son travail, et surtout sa simplicité », poursuit ce conseiller municipal qui a préféré rester anonyme. Sur la question des retraites, Dussopt a pourtant radicalement changé d’avis. En 2010, il disait vouloir la maintenir à 60 ans, et le voilà désormais fer de lance d’une réforme repoussant l’âge légal de départ. « Ce n’est pas son projet mais celui d’Emmanuel Macron. Et quand on est ministre, soit on obéit, soit on démissionne. Et s’il pense que cette réforme est la seule solution, il ira au bout », justifie le même élu local.

Jean-Louis Mourin abonde dans le même sens : « Je sais qu’il suit ce fil conducteur de travailler pour le bien de son territoire, qu’il soit local ou national. Il a donc saisi une opportunité qui s’est présentée à lui et maintenant son choix lui appartient entièrement. »

Fidèle à sa ville

Pour expliquer cet attachement constant à l’ancien maire d’Annonay, une autre source proche de la municipalité avance que Dussopt serait resté très impliqué dans les affaires de la ville : « Il y a cette phrase entendue à la mairie : "Il est beaucoup plus utile à Annonay en tant que ministre qu’en tant que maire". Par exemple, alors que ça prenait du temps, la fibre optique s’est déployée beaucoup plus rapidement dans le bassin annonéen lorsqu’il est devenu secrétaire d’État aux comptes publics [en 2017]. »

Cette proximité avec sa région natale était d’ailleurs toujours d'actualité ces derniers mois, mais selon les informations récentes de RTL, sa sécurité policière aurait été particulièrement renforcée ces derniers jours, le ministre et sa famille ayant reçu des menaces. « On le voyait tous les 15 jours à Annonay. Il prenait son café en ville le samedi matin, tout le monde lui disait bonjour, raconte ce proche de Dussopt. Maintenant, je ne sais pas trop s’il a envie de venir avec tout ce qui se passe. »

Luc Herincx
Édité par Matei Danes

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