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l’Union européenne ne semble pas s’être préparée à la fin de vie des batteries lithium-ion. Elle pense pouvoir compter sur le recyclage pour renforcer son indépendance en matière premières. Un pari dangereux.
“Si l'on veut rentrer dans une société dans laquelle on émettra moins de gaz à effet de serre, il faut assumer les conséquences : nous avons besoin de matériaux comme le lithium”, insistait Barbara Pompili, ministre française de la Transition écologique, dans une vidéo publiée en février dernier par Les Echos. Au nom du climat, l’UE veut prendre un virage radical : passer de 70 % de lithium importé en 2018 à 80 % de lithium produit sur son territoire d’ici 2025. Un virage pour permettre au Vieux Continent d’entrer dans la course face à ses concurrents sur le marché mondial des batteries, la Chine notamment. Car la demande européenne en batteries explose et entraîne avec elle la demande en lithium, indispensable à leur production. Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, se veut rassurant : “Nous avons des ressources en lithium considérables en Europe. Nous nous positionnons pour être quasiment autosuffisants en lithium pour nos batteries d'ici 2025.”
Mais ce que Thierry Breton ne dit pas, c'est que pour atteindre cet objectif, il va falloir ouvrir des mines. Et pas qu’un peu : au moins 33 ! Pour la première fois, Cuej.info a répertorié tous les projets de mines en cours en Europe et établi une cartographie inédite.
En plus de ces 33 projets miniers, l'Europe compte sur l'installation de gigafactories, des usines géantes destinées à produire en masse des batteries lithium-ion. Elle a donc mis sur la table un investissement colossal de 127 milliards d’euros. En tout, cinq usines de batteries ont déjà entamé leur production. Et pas moins de 111 grands projets industriels liés aux batteries sont en cours d'élaboration dans l’UE, comptant 20 méga-usines d'éléments de batterie réparties sur tout le continent, dont trois en France.
La seule option, c’est le lithium ?
Sécuriser l'approvisionnement en lithium européen pour répondre à la demande de batteries serait la seule option. Sinon pas de véhicules électriques, et donc pas de transition énergétique. Cette idée s’est ancrée progressivement dans la communication des institutions européennes depuis une dizaine d'années. Grâce notamment à un lobbying forcené de la part des compagnies minières, des producteurs de batteries et des industriels de l’automobile, qui vendent la voiture électrique comme la solution miracle aux problèmes de pollution et de climat. Ce lobbying s’exerce sous la bénédiction de la Commission européenne, notamment grâce aux deux alliances qu’elle a fondées : l’Alliance européenne des batteries et l’Alliance européenne des matières premières. La première est soutenue par l’un des vice-présidents de la Commission, Maroš Šefčovič ; la seconde par Thierry Breton. Elles regroupent à elles deux près de 1 200 membres issus de l’industrie et de l’innovation… pour moins d’une dizaine d’ONG.
Aujourd’hui, l’Europe est devenue le chantre du véhicule électrique individuel et de ses batteries au lithium. Sans suffisamment interroger, peut-être, le coût environnemental de cette inclination… ni sa réelle faisabilité.
Cuej.info a enquêté pendant plus d’un mois sur les dessous de cette communication optimiste. Nous avons épluché des centaines de documents sur le sujet et interrogé de nombreux spécialistes. Notre travail expose toutes les inquiétudes et les risques autour du pari européen sur le lithium.
Objectifs irréalisables, impacts environnementaux des mines, consommation d’eau, capacités de raffinage et de recyclage trop faibles… L’horizon de l’indépendance européenne en lithium pour répondre à la demande en batteries semble beaucoup plus lointain qu’annoncé et se confronte à plusieurs défis de taille.
Etudiant.e.s : Rafaël Andraud, Emma Barraux, Emilio Cruzalegui, Elia Ducoulombier, Sarah Dupont, Achraf El Barhrassi, Yasmine Guénard-Monin, Hadrien Hubert, Leïna Magne, Alina Metz, Lorela Prifti, Laura Remoué, Félicien Rondel, Nils Sabin.
Rédacteur.ice.s en chef : Emma Barraux et Emilio Cruzalegui.
Encadrant.e.s de Disclose : Mathias Destal, Marianne Kerfriden, Geoffrey Livolsi.
Pendant un mois, l’équipe de Cuej.info a enquêté sur le lithium. L’approvisionnement et l’exploitation sur le sol européen de ce minerai indispensable aux batteries électriques sont présentés par l’Union européenne comme essentiels à la transition énergétique. Nous avons confronté les faits aux discours… et avons éclairé la part d’ombre du “nouvel or blanc”.
« Il est temps de remodeler la mode. » C’est par ces mots que Virginijus Sinkevičius, commissaire européen à l'Environnement, a conclu la présentation de la nouvelle stratégie de l’UE pour restructurer l’industrie textile, jeudi 10 mars au Parlement européen. Quatrième secteur le plus polluant et gourmand en eau, cette industrie est responsable de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les objectifs de la commission tiennent en trois idées clés : production circulaire, durabilité et recyclage. La première étape est de trouver des alternatives vertes pour les matières premières très polluantes comme le polyester, produit à partir de ressources fossiles, et qui relâche des tonnes de micro-plastique dans les océans. Pour le recyclage, la marge de progression est colossale. « Moins d’1% des vêtements dans le monde est recyclé, ce n’est pas de la fast fashion* mais de la super fast fashion », commente Anna Cavazzini (Verts/ALE). La députée allemande attire aussi l’attention sur le manque de transparence des conditions de fabrication des textiles. Beaucoup d’enfants et de « femmes esclaves » se cachent derrière un jean ou une veste.
*Fast fashion : vêtements bon marché produits rapidement et en grande quantité par les détaillants de la grande distribution pour répondre aux dernières tendances.
Notre monde a changé, et plus rien ne sera comme avant. Voilà, en substance, le résumé de cette session plénière du mois de mars, moins de deux semaines après l’attaque de l’Ukraine par la Russie. La guerre est de retour aux portes de l'Union européenne et au sein des débats européens.
De Josep Borrell à Roberta Metsola, de Kaja Kallas à Paolo Gentiloni, l’urgence presque vitale de reconsidérer une politique de défense européenne a été notée, soulignée, plaidée. Reste maintenant à espérer que cette unité affichée ne se délite pas. La guerre en Ukraine risque en effet de durer et les difficultés économiques en Europe de surgir.
Au-delà du renforcement de la défense, les eurodéputés ont rappelé l’importance de l’indépendance énergétique des États membres face au gaz russe, et de lutter contre l’ingérence étrangère – principalement venue de Russie – dans les processus démocratiques de l'Europe. Les parlementaires ont affiché un front uni sur la question des passeports dorés, très liée à la question des sanctions contre les oligarques russes. Quant à la Journée des droits des femmes, le mardi 8 mars, elle a été dédiée aux Ukrainiennes, où qu’elles soient.
L’Union européenne vit peut-être là le moment le plus crucial de son histoire. La guerre sur le vieux continent n’est plus un vieux fantôme brumeux : c’est une réalité qui bouleverse notre vision du monde et de ses rapports de force. Face à la menace que représente aujourd’hui la Russie, l’Union Européenne se doit de montrer un front uni et coordonné dans ses réactions, qu’elles soient politiques, économiques ou militaires. C’est peut-être ici et maintenant que se joue le futur de la paix en Europe.
Isalia Stieffatre
Les parlementaires européens ont validé le programme d’action pour l’environnement (PAE) de l’Union européenne jusqu’en 2030. Rédigé en collaboration entre les représentants des différentes institutions européennes en décembre 2021, ce programme doit guider la politique environnementale des États membres de l’Union pour ces prochaines années.
La proposition la plus marquante est l’arrêt progressif des subventions des énergies fossiles, « une décision que nous aurions dû prendre il y a longtemps », affirme l’eurodéputé Pär Holmgren (Verts/ALE). « La nature est la clé de notre système planétaire et malgré tout, les gouvernements continuent de subventionner les activités qui détruisent notre planète », renchérit Grace O ’Sullivan (Verts/ALE).
À l’inverse, le groupe de l’extrême droite Identité et Démocratie n’est pas du tout du même avis : « Votre politique est totalement irresponsable ! » s’indigne Silvia Sardonne. « Votre réponse à la crise actuelle c’est baisser le thermostat, vous pensez vraiment que les Européens ne le font pas déjà ? »
Le montant des aides des États membres de l’UE aux entreprises exploitant des énergies fossiles a atteint 52 milliards de dollars en 2020.
Une sirène d'alarme retentit dans l'entrée du Parlement européen où est organisé un rassemblement en soutien aux Ukrainiens. « Voilà comment nous nous sommes réveillés il y a deux semaines », débute Mariia Mezentseva, présidente de la délégation ukrainienne au Conseil de l'Europe. Avec émotion, la députée à la Rada raconte l’enfer que vit son peuple depuis plusieurs jours.
Devant un immense drapeau bleu et jaune, la maire écologiste de Strasbourg Jeanne Barseghian renchérit : « Dans ces heures terribles, restons unis ! » « Slava Ukraini ! » (Gloire à l'Ukraine) clame à son tour Borys Tarasiuk, ancien ministre des Affaires étrangères en Ukraine, devant la foule captivée. Ce cri est repris plusieurs fois par Roberta Metsola. En français, la présidente du Parlement rappelle le rôle crucial de l’Union européenne tout en exprimant son admiration : « Un peuple dont le courage nous impressionne. Nous devons être à la hauteur ! » L’hommage se termine au bout de vingt minutes lorsque l’hymne ukrainien résonne dans le bâtiment.
L’adhésion à l’Union, une gageure
Les espérances ukrainiennes, géorgiennes et moldaves sont en réalité freinées pour plusieurs raisons. D’abord, les pays membres sont divisés. En Europe de l’Est, la Pologne soutient l’idée d’une procédure accélérée pour la candidature ukrainienne, tandis que certains pays de l’Ouest de l’Europe expriment leurs réticences quant à cette possiblité.
Elle était l’invitée attendue et remarquée de cette semaine européenne à Strasbourg. La première ministre estonienne Kaja Kallas a présenté sa vision de la crise actuelle et ses espoirs pour le futur de l’Union européenne ce mercredi 9 mars, face aux députés rassemblés dans l’hémicycle. Sans surprise, ses premiers mots ont été pour le peuple Ukrainien et pour sa « résistance acharnée » face à cet « acte d’agression militaire pur » que représente l’invasion du pays par Vladimir Poutine. Mais plus qu’un simple message d’unité, c’est un appel au changement que la première ministre d’Estonie est venue porter. Un changement en matière de politique européenne de défense. « Le 24 février, le monde a changé », a-t-elle lancé aux parlementaires. « Cette crise a déclenché une période d’insécurité sur notre continent, que nous n’avions pas connu depuis 1939. Notre monde ne va pas revenir au status quo. Il y aura un avant et un après. » En tant que représentante d’un pays frontalier de la Russie, Kaja Kallas incarne les dangers qui pèsent directement sur l’UE. Les pays Baltes, dont fait partie l’Estonie, sont intégrés à l’OTAN : une attaque directe de la Russie sur leur territoire déclencherait un intervention de l’alliance, et donc la guerre. Si elle ne se dit pas inquiète pour son pays, Kaja Kallas s’avoue plus préoccupée par la situation de la Finlande ou de la Suède, qui ne font pas partie de l’OTAN. D’où l’importance de construire une organisation complémentaire à l’alliance nord-atlantique : « Il faut trouver un consensus, au sein de l’UE, en termes de défense ».
Isalia Stieffatre