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« Construire la souveraineté numérique de l’Europe »
Le gouvernement français a lui aussi fait de la transition numérique une de ses principales préoccupations. À l’occasion de sa présidence au Conseil de l’UE, il a organisé la conférence « Construire la souveraineté numérique de l’Europe » lundi et mardi à Bercy, pour présenter une feuille de route commune et européenne en matière d’indépendance dans ce secteur. Le gouvernement français et onze autres États-membres ont annoncé l’investissement de 7 milliards d’euros dans un projet de « cloud » européen. « Cela va nous permettre d’avoir enfin un stockage de données qui soit véritablement souverain », a déclaré le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, qui souhaite accélérer l’autonomie européenne vis-à-vis des Etats-Unis et de la Chine.
Cette annonce s’ajoute à celle du secrétaire d’Etat français au numérique, Cédric O, de créer une quinzaine de fonds européens dotés d’au moins 1 milliard d’euros pour financer des entreprises numériques européennes. Elle s’inscrit dans l’initiative « Scale-up Europe » du gouvernement, lancée en mars 2021, qui vise à accélérer l’émergence de géants européens du numérique. La France, l’Allemagne, le Danemark et la Grèce se sont engagés à verser 3,5 milliards d’euros de fonds, « un levier considérable » veut croire Cédric O.
Un chèque alimentaire pour lutter contre la précarité alimentaire, comme le propose Christiane Taubira ? Bien, mais insuffisant. Le Secours Catholique-Caritas revient sur ce qu'il faudrait - vraiment - faire pour éradiquer la faim en France.
Le gouvernement chinois a choisi une athlète ouïghoure comme dernière porteuse de la flamme olympique. Un geste contesté par ceux qui défendent cette minorité musulmane.
À la suite d’une semaine en résidence créative, la compagnie Marino Vanna inaugure en dansant la salle de spectacle La Pokop, ce 11 février. Un nouveau lieu culturel situé à deux pas du campus qui entend promouvoir la jeune création.
Sur une scène flambant neuve entourée de lourds rideaux noirs, les danseurs de la compagnie Marino Vanna répètent. Cinq corps s’entremêlent au rythme d’une douce musique et de mouvements lents. Ces jeunes artistes sont les premiers à fouler les planches de la nouvelle salle de spectacle la Pokop située au sein de la cité universitaire Paul-Appell à Strasbourg. Invitée par le service universitaire culturel et le dispositif Carte culture, la jeune compagnie, créée à l’été 2020 par Marino Vanna et Marion Fourquet, profite d’une semaine de résidence de création chorégraphique pour peaufiner sa première pièce originale Man’s Madness. Les danseurs inaugureront la nouvelle salle avec une restitution publique de création le 11 février.
« Le troisième jour d’une résidence, c’est souvent le plus dur, on est au milieu du marathon », admet Sandy, la danseuse du quatuor. Comme chaque matin, la petite équipe se retrouve dans ce qui était, il y a encore quelques années, le gymnase Paul-Collomp. Enrobés d’une odeur de peinture fraîche, les danseurs s’échauffent avant une intense après-midi de création. Joël, grand gaillard à la peau noire, enchaîne des mouvements au sol puis esquisse de petits pas de danse. Sa spécialité : le popping. Une danse fondée sur la contraction et la décontraction des muscles au rythme de la musique. Sandy, elle, est étendue par terre, les yeux fermés, et effectue de légers balancements, ses interminables cheveux blonds jonchent le sol. « Mon truc, c’est la danse contemporaine et le cabaret. On a tous des styles et des physiques très différents, mais quand on est ensemble ça fonctionne super bien », sourit la jeune femme.
Du break dance au classique
La pièce Man’s Madness mêle différents styles, de la danse traditionnelle cambodgienne au break dance en passant par le classique, pour refléter la « folie de l’homme, inspirée par ces deux années de pandémie ». En perpétuelle co-construction depuis un an et demi, chaque interprète participe à l’écriture chorégraphique. « Rien n’est imposé à l’avance par le chorégraphe. Il part d’un mouvement, puis le déconstruit, l’associe à un autre. Il y a une trame commune mais chacun peut apporter sa patte. Chaque jour, on ajoute une ou deux minutes au projet final, le but est d’arriver à cinquante minutes pour la restitution de vendredi », explique Marion Fourquet.
C’est avec ce projet artistique ambitieux que la Pokop accueillera ses premiers spectateurs le 11 février à 19 heures dans ses 200 nouveaux sièges rouges pétants. Une production et une représentation qui s’inscrivent dans le cœur de cible de ce nouveau lieu culturel strasbourgeois qui entend valoriser la jeune création. « L’objectif est de promouvoir l’émergence artistique et l’expérimentation d’artistes ou de compagnies peu connus », appuie Charlotte Arlen, chargée de communication au SUAC, qui co-gère le lieu. Un tremplin pour des jeunes pousses du spectacle vivant mais aussi un moyen de donner accès à la culture aux étudiants grâce à des prix abordables. Comptez 2 euros pour une place étudiante et 8 euros en plein tarif, de quoi donner envie de troquer Netflix pour les planches.
Iris Bronner
« La Chine est un pays totalitaire, donc les autorités arrivent à tout cacher ». Étudiantes et membres de l’organisation Strasbourg For Uyghurs, Melissa et Fairouz sont encore indignées après la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’Hiver de Pékin, qui s'est tenue le 4 février. Lors de celle-ci, une skieuse de fond Ouïghoure, Dinigeer Yilamujiang, a été choisie pour allumer la flamme olympique dans le stade du « Nid d’Oiseau » de Pékin. Les deux jeunes femmes dénoncent une mise en scène. « C’est Xi Jinping [Président Chinois, NDLR] qui nous rit au nez. Cette sportive est totalement assimilée à la culture chinoise, elle n’a aucune culture ouïghoure », analyse Fairouz.
Faire diversion de la crise humanitaire
Selon l’ONG World Uyghur Congress, cette minorité ethnique musulmane de la région du Xinjiang, en Chine, est persécutée par le gouvernement depuis 2017. Sous prétexte qu’ils représentent une menace terroriste, environ un million de Ouïghours sont détenus dans des camps d’internement, ou camps de « rééducation » selon les termes du Parti Communiste Chinois (PCC). Ceux qui en ressortent témoignent d'endoctrinement politique mais aussi de séparation forcée de leur famille, voire de torture. Résolue à détourner le regard du monde de cette situation régulièrement qualifiée de « génocide », la Chine a donc tenté de se défendre en mettant sa jeune athlète Ouïghoure sur les devants de la scène.
Pour les deux étudiantes, ce geste du PCC reste vide de sens. « C’est très facile de manipuler, souligne Melissa. Les femmes Ouïghoures ont une tenue vestimentaire spécifique. Pendant la cérémonie, ils ont montré la famille de Dinigeer sur un écran, mais pas une femme ne portait le foulard ». Le compte Instagram de l'athlète de 20 ans est, de plus, très soigné. En presque quatre ans, une quinzaine de publications ne montre que du ski et des drapeaux chinois.
Un manque de réaction
Le collectif Strasbourg for Uyghurs déplore la timidité de la réponse de la communauté internationale. « La persécution des Ouïghours se poursuit mais il y a peu d'actions concrètes contre la Chine parce que tout le monde craint des conséquences économiques », explique Fairouz. Une des seules décisions prises par les pays occidentaux face à la crise humanitaire : le boycott diplomatique des JO de Pékin. Une pression purement « symbolique » qu'Emmanuel Macron n’a pas voulu faire, au contraire des Etats-Unis, du Canada et du Royaume-Uni. « C’est que du vent, fustige encore Fairouz. Même si Macron l’avait fait, ça aurait été du vent. Parce que derrière, ils continuent à négocier des accords économiques. »
De son côté, le Comité international olympique (CIO) est resté neutre sur le sujet de la cérémonie. Son porte-parole, Mark Adams, a souligné que Dinigeer Yilamujiang « avait le droit d’être là d’où qu’elle vienne, quel que soit son origine. » Finalement, la Chine ne risque pas encore de sanction similaire à celle reçue par la Russie après son scandale de dopage, c'est-à-dire une exclusion des compétitions. Déception pour Fairouz et Melissa : « Le CIO devrait prendre position sur le sujet en amont du choix du pays ».
Emilio Cruzalegui