Berlin va débloquer six milliards d'euros supplémentaires pour faire face à l'arrivée massive de migrants. La chancelière allemande Angela Merkel l'a annoncé ce matin en conférence de presse. Trois milliards seront alloués en particulier aux Etats régionaux et aux communes qui prennent en charge l'hébergement des demandeurs d'asile. L'État fédéral utilisera le reste notamment pour améliorer le système d'examen des demandes d'asile. On prévoit par ailleurs de construire cent cinquante mille places en place dans des foyers de premier accueil.
La Commission européenne proposera mercredi devant le Parlement européen un système de quotas d'accueil pour répartir 120 000 réfugiés entre les pays de l'Union européenne. Berlin devrait se voir demander d'accueillir 31 443 personnes, tandis que la France est prête à en accueillir 24 000. En tout, l'Allemagne attend 800 000 demandeurs d'asile sur 2015.
« Nous voulons que le changement soit positif »
Angela Merkel a affirmé sa détermination à agir et à « trouver une solution » à cette crise. « Ce que nous vivons est quelque chose qui va continuer de nous occuper dans les années à venir, nous changer, et nous voulons que le changement soit positif, et nous pensons que nous pouvons y arriver ». Elle a aussi salué l'élan de solidarité des Allemands envers les arrivants, qualifiant le dernier weekend de « saisissant et émouvant », et s'est « réjouie que l'Allemagne soit devenue un pays avec lequel les gens associent de l'espoir, c'est quelque chose de très précieux si on regarde notre histoire ».
L'Allemagne, l'une des premières destinations européenne des migrants, a fait face ce weekend à l'arrivée de 20 000 personnes venues de Hongrie, en majorité des Syriens. On a pu assister à des scènes inédites d'accueil à bras ouverts. Des centaines de volontaires se sont relayés dans les gares, apportant nourriture et vêtements, pancartes « Refugees welcome » à la main.
La plus grande partie des réfugiés est arrivée à Munich, mais ils ont été rapidement répartis dans tous le pays, raconte LeMonde.fr. Ce système de répartition par quotas entre les Etats régionaux a été fixé après la seconde guerre mondiale, selon la population et la richesse de chaque Länder.
L'opinion allemande favorable à l'accueil des réfugiés
95 % des Allemands s'estiment heureux de ce mouvement de solidarité, selon un sondage publié le 3 septembre par la chaîne ARD. 45 % pensent que l'immigration apporte « plutôt des avantages pour le pays », alors que l'Allemagne connaît des besoins de main d'oeuvre, tandis que 33 % y voient plus d'inconvénients. Les pourcentages sont quasiment inversés dans l'ancienne Allemagne de l'Est, et les Allemands plus âgés et moins aisés sont plus réservés sur la question. 96 % des Allemands jugent toutefois justifié d'accueillir des réfugiés de guerre. A l'inverse, un sondage Odoxa pour Le Parisien montre que 55% des Français sont opposés à ce que la France imite l'Allemagne.
Angela Merkel a toutefois appelé à un « effort de l'Union européenne ». « Nous ne viendrons à bout de la tâche qu'au moyen de solidarité européenne ». Les initiatives solidaires et les manifestations en faveur de l'accueil des réfugiés se sont multipliées en Europe. Ces dernières semaines, le calvaire de 71 migrants morts étouffés dans un camion en Autriche, puis les images d'Aylan, l'enfant syrien noyé et échoué sur une plage turque, ont déclenché une vague d'émotion et poussé certains dirigeants à changer de discours. Cependant, plusieurs pays membres de l'Union refusent encore d'accueillir des réfugiés.
Mathilde Loire