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18/09/25
14:05

Pourquoi l’Inde est-elle l’un des principaux alliés d'Israël ?

L’Inde de Narendra Modi est l’un des soutiens indéfectibles de l'État Hébreu. Le gouvernement nationaliste hindou, qui jouit de bonnes relations économiques et militaires avec Tel-Aviv, y voit surtout un parallèle avec sa situation intérieure.

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Le gouvernement israélien de Benyamin Netanyahou et le gouvernement indien de Narendra Modi ont renforcé encore davantage leurs liens ces dernières années. © Bureau du Premier Ministre indien

Ce mercredi 17 septembre, dans une vidéo publiée sur X, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a souhaité un joyeux anniversaire à son « grand ami » le premier ministre indien Narendra Modi, clamant qu’ils avaient « fait beaucoup ensemble pour l’amitié entre l’Inde et Israël ». Après les attentats du 7-Octobre, l’Inde avait été parmi les premiers pays à affirmer son soutien à Israël. Sur les réseaux sociaux indiens, les contenus anti-palestiniens avaient pullulé. Mais pourquoi un tel soutien de la part du gouvernement indien à l'État hébreu ?

D’adversaires à alliés 

Malgré ce qu’ils ont de commun d’être nés d’une partition coloniale et d’être entourés de voisins musulmans, l’Inde et Israël n’ont pourtant pas toujours été les meilleurs amis du monde. En 1967, lors de la Guerre des Six-Jours, comme en 1973, lors de la Guerre du Kippour, New Delhi, alors une grande voix du tiers-mondisme, prend le parti du camp arabe. Il est d’ailleurs le premier pays non-arabe à autoriser l’ouverture d’un bureau de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) sur son territoire, en 1975. 

Mais, progressivement, cette orientation change. Les relations entre les deux pays sont normalisées en 1992 ; en 1998, quand l’Inde fait l’objet de sanctions économiques pour ses essais nucléaires, Israël est l’un des seuls pays à poursuivre les échanges avec la « plus grande démocratie du monde ». 

La récupération du gouvernement Modi 

Avec l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi en 2014, le gouvernement indien pivote vers le nationalisme hindou et la répression de la minorité musulmane. Le parti du premier ministre, le BJP (Parti indien du peuple), fait dès lors de la lutte contre les groupes terroristes basés au Pakistan, comme le Lashkar-e-Toiba (l’Armée des pieux), qui se bat pour le rattachement de la région du Jammu-et-Cachemire à Islamabad. Dans cette optique, l’Inde dit s’inspirer des méthodes « antiterroristes » de l’armée israélienne. 

Après les massacres du 7-Octobre, le gouvernement indien a directement commencé à utiliser le conflit entre Israël et le Hamas à son avantage. « Ce à quoi Israël fait face, l’Inde l’a subi entre 2004 et 2014 », pouvait-on lire au lendemain de l’attaque sur le compte X du BJP. Une déclaration qui fait référence à la vague d’attentats islamistes en Inde, qui avaient fait des centaines de morts dans le pays, lorsque le parti du Congrès national indien, désormais parti d’opposition, était au pouvoir.

Le BJP ne rechigne donc pas devant le fait d’utiliser directement le 7-Octobre et la guerre à Gaza pour alimenter la stigmatisation, voire la haine anti-musulmans et justifier sa politique de répression de l’islam, qui passe notamment par la construction de temples sur l’ancien emplacement de mosquées, le changement des noms de villes à consonance musulmane, et la restriction des droits de la minorité.

Un partenariat économique et militaire capital 

À l’aune de cette récupération, l'État indien a apporté un soutien sans faille à la politique du gouvernement de Benyamin Netanyahou. Le 8 septembre, alors que des voix s’élèvent au sein de la communauté internationale pour appliquer des sanctions à l’égard d'Israël, les deux pays ont signé un accord économique pour favoriser les investissements croisés. 

La coopération économique va bon train : le commerce bilatéral a été multiplié par deux en sept ans, avec un accent sur l’informatique, la santé et l’agriculture. Mais le secteur le plus intéressant pour Tel-Aviv reste l’armement : le Sous-Continent est l’un des premiers acheteurs d’armes israéliennes, utilisées d’ailleurs dans les affrontements d’avril contre le Pakistan, comme le système de défense anti-missile Barak-8. 

Israël peut également compter sur l’Inde pour regarnir ses stocks dans sa guerre à Gaza. Mis sous embargo pour les ventes d’armes par des pays comme le Canada ou le Royaume-Uni, l'État hébreu achète des munitions de char ou des roquettes à bas prix auprès de New Delhi. L’Inde aurait aussi exporté vers Tel-Aviv des drones fabriqués sur son territoire, sous licence israélienne. 

Les deux pays trouvent donc leur compte à collaborer l’un avec l’autre. Loin d’être seulement une alliance de circonstance, Israël et l’Inde développent leurs liens ces dernières années, avec ce qui semble un adversaire commun :  le monde islamique.

Axel Guillou

Edité par Moncef Arbadji

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