La treizième édition de la Foire international d'art moderne et contemporain de Karlsruhe a ouvert ses portes ce jeudi 18 février. Plus de 50 000 visiteurs sont attendus jusqu'à dimanche à la deuxième foire d'art la plus importante de l'Allemagne. Un succès qui s'est consolidé en à peine une décennie.
La foire de Karlsruhe montre autant l'art d'avant-garde du début du XXeme siècle que les dernières tendences artistiques
Après des années d'hésitation, le galeriste strasbourgeois Frédéric Crozier, responsable de la Galérie Radial, s'est décidé de traverser le Rhin cette année. Il sera présent jusqu'à dimanche prochain à la treizième édition de la Foire internationale d'art moderne et contemporain de Karlsruhe, malgré ses réticences à participer à "cette foire immense où c'est très difficile de se faire une place". Fondé en 2003, ce salon artistique a réussit en à peine une décennie à devenir l'un des marchés artistiques les plus performants d'Allemagne.
Avec plus de 50 000 visiteurs attendus pour quatre jours, la Foire internationale de Karlsruhe réunit cette année près de 200 exposants sous les 35 000 mètres carrés du palais des expositions. Elle est ainsi coude-à-coude avec la foire de Cologne, l'autre grand marché artistique allemand, et talonne l'Art Basel, la référence mondiale. "Notre développement est remarquable. On a commencé avec seulement une salle d'expositions et 20 000 visiteurs", affirme Britta Wirz, la directrice du salon.
Une ascension fulgurante
"Je me souviens encore du climat de défiance auquel nous avons été confrontés lorsque nous préparions la première édition", explique Edward Karl Schrade, le commissaire artistique de la foire. La bonne gestion de ce prestigieux galeriste allemand a favorisé le développement du salon. Et notamment son pari d'exposer conjointement l'art d'avant-garde et les grands noms de la scène artistique actuelle. Lors de cette édition, les tableaux de l'artiste expressioniste allemand du début du XXeme siècle, Ernst Ludwig Kirchner, qui peuvent atteindre les 500 000 euros, côtoient les images du photographe brésilien Sebastiao Salgado.
Contrairement à la Documenta de Kassel, le grand festival d'art organisé tous les quatre ans en Allemagne, la foire de Karlsruhe "ne vise pas à exposer les tendances artistiques des prochaines années, mais à montrer des oeuvres de qualité que les visiteurs peuvent acheter", assure Britta Wirz. La foire profite en effet la bonne santé économique du Bade-Wurtemberg, région la plus riche d'Allemagne, où "prédominent les entreprises familiales, une structure économique favorisant la présence de petits collectionneurs d'art", affirme-t-elle.
Un pont franco-allemand
"Dans le monde de l'art, Karlsruhe représente un pont entre la France et l'Allemagne", explique la galeriste parisienne Cécile Charron. Nombreuses sont les galeries françaises qui viennent au salon, afin de se faire une place dans le performant marché artistique allemand. C'est le cas de la galerie Colmar Rémy Bucciali, dont les ventes en Allemagne représentent 30% de son chiffre d'affaires. Rémy Bucciali, le propriétaire de la galerie, explique qu'il n'a raté aucune édition de la foire depuis l'origine, car celle-ci "se situe dans une localisation privilégiée entre la frontière française, allemande et suisse".
"Il y a dix ans, je vendais à peine cinq oeuvres à Karlsruhe et maintenant presque une trentaine", se réjouit le galériste parisien Roy Sfeir. Il attribue ce succès à la grande assiduité d'un public amateur, qui n'est pas obnubilé par les grand noms artistiques. "Le public allemand s'investit plus facilement vis-à-vis des nouveaux artistes et il réfléchit moins son acte d'achat", affirme le strasbourgeois Fréderic Crozier, qui espère que sa première participation à la foire sera un succès.
Visite à la treizième édition de la Foire internationale d'art moderne et contemporain de Karlsruhe
Enric Bonet