Le Land allemand à l'extrème nord-est du pays, le Mecklembourg-Poméranie occidentale, a élu dimanche 4 septembre, un nouveau parlement régional. Les sociaux-démocrates (SPD), les conservateurs (CDU) et le parti de gauche Die Linke chûtent. Seul vainqueur: le nouveau parti d'extrême droite AfD. Interview avec Gudrun Heinrich, politologue à l'Université de Rostock.
Crédit photo: Globovision
Quelles sont les conséquences directes des résultats de ce scrutin ?
Il y aura d'importants changements dans la répartition des sièges parlementaires du Land. Tout d'abord, l'entrée au parlement du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). Avec 20,8 % des votes, c'est une large victoire pour ce parti qui participait pour la première fois aux élections régionales dans ce Land. Il devient le deuxième groupe parlementaire après les Sociaux-démocrates (30,6 %) et devant les Conservateurs de la CDU d'Angela Merkel (19 %). En revanche, ni la formation néonazie NPD, ni les Verts ne seront représentés dans le nouveau parlement. Ils n'ont pas atteint le seuil de 5 % nécessaire pour former un groupe parlementaire.
Comment expliquer le succès de l'AfD ?
Lors de la campagne électorale, l'AfD s'est concentrée sur la gestion de la crise migratoire en faisant le lien avec la sécurité intérieure. Et pourtant, dans ce Land au nord-est de l'Allemagne, les répercussions de la crise migratoire ont été moins importantes que dans le reste du pays. L'AfD a toutefois réussi à mobiliser avec son discours anti-immigration. Le parti a bénéficié du vote sanction de nombreux électeurs contre les partis établis. Pour Angela Merkel, la défaite est particulièrement amère puisque c'est dans ce Land que se situe sa circonscription. Le parti conservateur régional avait cependant clairement cherché à se distancier de la Chancelière et de la ligne nationale du parti, notamment concernant les réfugiés et la sécurité intérieure. Lorenz Caffier, chef de la CDU en Mecklembourg-Poméranie occidentale, avait par exemple refusé de reprendre le fameux "Nous y arriverons" ("Wir schaffen das") d'Angela Merkel. Une stratégie qui n'a visiblement pas fonctionné.
Quel impact aura ce résultat sur la vie politique allemande ?
Il faudra d'abord prendre un peu de recul pour bien analyser les résultats et surtout, les réelles motivations des électeurs. La campagne électorale a été menée de façon très émotionnelle et parfois déconnectée de la réalité. Le résultat est surtout symbolique. Le Mecklembourg-Poméranie occidentale est le Land avec la densité de population la plus faible, le taux d'étrangers le moins élevé et le moins de demandeurs d'asile. La question de l'immigration n'a que très peu de pertinence dans le cadre de la politique régionale. L'impact sur le long terme reste à déterminer.