Le président américain a nommé un vétéran de la guerre d'Irak et d'Afghanistan à la tête du Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis.
H.R. McMaster, nouveau conseiller à la sécurité nationale, a été nommé lundi par Donald Trump. Crédit : Nicholas Kamm/AFP
Ce n'était pas son premier choix, mais avec la nomination du général H.R. McMaster, le président des Etats-Unis, Donald Trump, met fin à la difficile recherche d'un successeur pour le poste de conseiller à la sécurité nationale. Si Herbert Raymond (H.R.) McMaster est inexpérimenté en politique, le général âgé de 54 ans connaît bien les enjeux du terrain : il est intervenu à trois reprises lors des guerres en Irak, d'abord en 1991, puis deux fois après l'invasion américaine en 2003 (de 2004 à 2006 et de 2007 à 2008). Il a également été déployé en Afghanistan en 2005. "Je suis impatient de rejoindre l'équipe de sécurité nationale et de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour faire avancer et protéger les intérêts du peuple américain", a-t-il déclaré, habillé en uniforme et bardé de décorations, lors d'une brève conférence de presse, lundi 20 février, avec le président américain.
Trump a qualifié le général d'"homme de formidable talent et de formidable expérience" lors de sa présentation, lundi, devant des journalistes dans sa résidence secondaire à Mar-a-Lago en Floride. Le président y avait auditionné, tout au long du week-end, les potentiels candidats pour succéder à l'ancien conseiller Michael Flynn, qui a dû démissionner le 13 février. Le général à la retraite est accusé d'avoir mené des discussions avec l'ambassadeur russe à Washington alors que Barack Obama était encore président et l'équipe de Donald Trump, en période de transition. Flynn avait refusé de révéler le contenu exact de ces négociations secrètes, même dans ses compte-rendus au vice-président Mike Pence. Après le départ forcé de son premier et le refus de son deuxième candidat, Robert Harward, le président Trump a finalement opté pour un stratège militaire.
Un esprit critique
Aux yeux des experts, McMaster semble être moins idéologique que son prédécesseur. "Il incarne ce que l'on appelle aux Etats-Unis un 'grand stratège' : quelqu'un qui pense et agit avec prévoyance et sagesse", dit à Cuej.info Bryan van Sweringen, politologue et chercheur associé à l'Université libre de Berlin. McMaster a lui-même vécu la guerre, il connaît bien l'utilité mais aussi les limites des interventions militaires. Il sera un conseiller loyal, franc et n'essaiera pas de cacher au président des vérités désagréables."
Un avis partagé également par John McCain, voix critique de Donald Trump au sein des républicains, dans son tweet du 20 février :
Lt Gen HR McMaster is outstanding choice for nat'l security advisor - man of genuine intellect, character & ability https://t.co/rYmJm00Xdf
— John McCain (@SenJohnMcCain) 20. Februar 2017
"Le général H.R. McMaster est un excellent choix pour le conseiller à la sécurité nationale - un homme d'une grande intelligence, de caractère avec des capacités extraordinaires."
Car ce diplômé d'une thèse en histoire américaine de l'Université de Caroline du Nord, est connu pour son esprit critique y compris au plus haut niveau de la hiérarchie politique. En 1997, il publie notamment un ouvrage, Dereliction of Duty ("Le devoir sabordé") dans lequel il dénonce des failles dans la chaîne de commandement lors de la guerre du Vietnam. Ses critiques radicales du fonctionnement du Pentagone n'ont pas empêché McMaster, jeune major à l'époque, de grimper les échelons jusqu'à devenir général.
Un rôle discret mais crucial
Le voilà désormais homme-clé du Conseil de sécurité nationale (CSN), organe discret mais stratégique de la Maison Blanche, chargé, comme Henri Kissinger sous Richard Nixon, Colin Powell sous George W. Bush ou Susan Rice sous Obama, de rassembler les informations relatives à la sécurité nationale et de conseiller le président en matière de sécurité et de politique étrangère. Ce novice en politique va devoir gérer une équipe de plusieurs centaines de collaborateurs, jouer les arbitres dans les éventuels conflits entre les différents acteurs du gouvernement. Selon Sarah Huckabee Sanders, porte-parole adjointe de la Maison Blanche, Donald Trump aurait donné carte blanche à McMaster pour s'entourer des collaborateurs de son choix au Conseil de sécurité nationale. Le nouveau président américain a également annoncé que Keith Kellogg, 72 ans, qui assurait l'intérim du CSN depuis le départ de Michael Flynn, deviendra directeur de cabinet de la structure de conseil militaire.
Anna Manceron