Plus de 20 millions de personnes sont en malnutrition au Nigéria, en Somalie, au Soudan du Sud et au Yémen. L'ONU a lancé un appel aux dons mercredi pour leur venir en aide.
Le Nigéria, la Somalie, le Soudan du Sud et le Yémen connaissent une situation d’insécurité alimentaire alarmante. Crédit: Albert Gonzalez Farran/AFP.
La famine continue de faire des ravages en Afrique. Plus de 20 millions de personnes sont dans des "situations catastrophiques" au Nigéria, en Somalie, au Soudan du Sud et au Yémen, selon le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.
Pour faire face à cette situation critique et inédite depuis plusieurs décennies, l'ONU a lancé un cri d'alarme, mercredi, et a annoncé avoir besoin de " 4,4 milliards de dollars de financement d'urgence ", d'ici fin mars pour éviter un désastre humanitaire. A l'heure actuelle, l'organisation mondiale ne disposerait que de 90 millions de dollars, selon RFI.
Parmi ces victimes de la faim, 1,4 million d'enfants sont concernés et risquent de mourir de sous-nutrition sévère dans ces pays aux très faibles ressources. "Des millions de personnes survivent à peine, dans un état entre malnutrition et mort, vulnérables aux épidémies et aux maladies, obligées de tuer leurs animaux pour manger et de se nourrir avec les graines qu'ils auraient dû planter lors de la prochaine saison de semences", s'est désolé Antonio Guterres.
Sécheresse et conflits
Des quatre pays menacés par la famine, seule la Somalie connaît, en plus d'une instabilité politique liée aux attaques régulières des shebabs (affiliés à Al-Qaïda) une sécheresse chronique depuis plusieurs mois. Le phénomène El Niño, ce courant d'air chaud du Pacifique qui réapparaît tous les cinq ans, avait déjà rendu critique la situation du pays l'année dernière. Mais dans les autres Etats concernés, ce sont les conflits armés et les crises alimentaires dues à l'homme qui sont à l'origine de la famine.
Antonio Guterres a alerté sur la situation au Yémen, pays ravagé par une guerre depuis deux ans entre la coalition menée par l'Arabie Saoudite et les rebelles houthis. C'est "la plus grande urgence d'insécurité alimentaire" avec 7,3 millions de personnes en malnutrition, a estimé le nouveau secrétaire général de l'ONU.
Le Nigéria subit aussi les conséquences du conflit avec le groupe jihadiste Boko Haram, qui a prêté allégeance à l'Etat islamique. Des organisations non gouvernementales et des représentants de pays donateurs se réunissent ce jeudi et ce vendredi à Oslo pour venir en aide à cette région. Médecins sans frontières décrit la situation médicale du Nigéria comme "la pire au monde". "Les habitants survivent avec à peine un repas par jour, décrit le coordinateur humanitaire de l'ONU dans la région, Toby Lanzer. Avec la saison des pluies qui arrive, les maladies progresseront, le paludisme deviendra plus prévalent. "
La situation de la faim dans le monde, en 2015 (actualisée pour certains pays). Source: Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
*Les pays dont le pourcentage se situe à 0 % sur la carte ont en réalité un pourcentage très faible de malnutrition entre 0 et 5 %. Dans certains pays, les données ne sont pas disponibles (signalées par « / »).
Haïti, Corée du Nord... D'autres pays pas épargnés
Si la Corne de l'Afrique est l'une des régions les plus touchées par la malnutrition, ce n'est pas la seule. La situation dans l'Afrique subsaharienne reste critique, comme en Zambie où 47,8 % de la population ne mange pas à sa faim. En République centrafricaine (47,7 % de la population), ou en Namibie (42,3 %), la famine touche presque la moitié des habitants.
Mais ailleurs dans le monde, certains pays en développement éprouvent toujours les pires difficultés pour nourrir décemment leur population. Ainsi, à Haïti, pays le plus pauvre du continent américain, plus d'un habitant sur deux connaît la malnutrition (53,4% de la population), ce qui en fait l'Etat avec le plus fort pourcentage la population en sous-nutrition au monde. Tout aussi critique, la situation de la Corée du Nord, où 41,6 % des habitants de cette dictature doivent endurer la faim, à huis-clos.
Fanny Guiné