Depuis lundi, l'intégralité du sunshine state est en alerte en vue du passage de l'ouragan Irma. Un couple de biologistes de North Fort Myers détaille les préparatifs.
Cherie a utilisé les planches ramenées par son mari Vince pour protéger ses locaux professionnels. (Crédit photo: Cherie Chenot-Rose)
Dans le sud-ouest de la Floride, Cherie Chenot-Rose, biologiste marine, se prépare avec son mari à l'ouragan Irma. "Les pouvoirs publics ont émis une alerte il y a trois jours", explique t-elle. Selon les prévisions actuelles, la côte Ouest de la région devrait être la plus touchée par les vents à partir de samedi soir, mais "ça peut changer très vite".
La Floridienne déplore que l'alerte ait été lancée si tôt. « Les gens ont commencé à paniquer et se sont précipités dans les magasins. Le prix de l'eau a flambé. D'habitude, il faut payer 4 dollars pour avoir 3 gallons d'eau [environ 15 litres, ndlr]. Là, pour 2 dollars, vous avez seulement une petite bouteille."
Les pouvoirs publics recommandent de stocker un gallon (environ 4 litres) par jour et par personne. Cherie et Vince ont pu en mettre 10 de côté, de quoi tenir 5 jours. Ils ont aussi élaboré un dispositif afin de récupérer l'eau de pluie pour se laver en cas de coupure prolongée. Des préparatifs plus poussés que d'ordinaire : "On nous a dit que l'on pourrait être plusieurs jours sans eau ni électricité", explique Cherie.
L'ouragan Harvey, qui a frappé le Texas et la Louisiane il y a quinze jours, hante toujours les esprits. "Hier, des gens ont attendu quatre à dix heures en file indienne pour acheter des planches de contreplaqué [pour barricader les maisons, ndlr], en se battant pour savoir qui était arrivé en premier, et beaucoup n'ont pas pu en avoir. Certains vendent maintenant des planches pour 100 dollars" , se désole Cherie. Les véhicules de ravitaillement commencent même à être à court de bois. Et les plaques s'achètent désormais au cul du camion.
Elle et son mari vivent à North Fort Myers, à une trentaine de kilomètres du golfe du Mexique, au bord d'une rivière. Plus que du vent, le risque vient surtout des inondations. "Nous avons préparé des œufs durs et cuit de la viande au cas ou nous n'aurions plus d'électricité car toute notre cuisine est électrique. Nous avons aussi mis notre barbecue dans le garage pour cuisiner au propane si besoin".
Le couple a barricadé ses locaux professionnels avec de larges planches et attaché une barque à la porte d'entrée: "Nous avons deux chiens, un chat et quatre crocodiles. Donc nous avons choisi de rester. Si l'eau monte trop, nous évacuerons avec notre bateau mais il est trop tard maintenant pour partir en voiture car les routes sont complètement embouteillées."
Cherie a déjà connu une dizaine d'ouragans, mais pour elle, alerter le plus tôt possible n'est pas forcément une bonne chose. "Il y a peut-être eu un peu trop de sensationnalisme dans l'annonce de l'ouragan. Soit les gens paniquent, soit ils ne prêtent plus attention à l'alerte et se mettent en danger."
Anne Mellier