La vague de froid qui touche la France jusqu’à mercredi a des conséquences sur l’économie, les loisirs, la pratique sportive et la consommation énergétique. En Alsace, les employés de ces secteurs sont contraints de s’adapter.
La grande majorité des chantiers extérieurs sont suspendus, aujourd'hui et demain, à Strasbourg. Crédit : Timothée Loubière
« Tous les chantiers à l’extérieur sont suspendus sauf ceux qui sont urgents », déclare Jean-Luc Wiedemann, chef d’une entreprise de couverture, Wiedemann et fils. La décision, prise ce matin, s’appliquera également demain. Il a maintenu un seul de ses treize chantiers à Strasbourg, près de l’université, car celui-ci est à l’abri du vent. Si les entreprises subissent les conséquences financières de ce ralentissement, ce n’est pas le cas des salariés. « Au total, ils gagnent environ 97 % de leur salaire habituel les jours de suspension du chantier », assure celui qui est aussi président de la Fédération française du bâtiment Bas-Rhin.
En cette période de vacances scolaires, les centres de loisirs et de vacances sont remplis. Or, la vague de froid risque bien de limiter les activités extérieures. « Elles seront réduites, concède Mireille Guy, coordinatrice de l’ensemble des centres de loisirs de Colmar et du centre-Alsace. On privilégiera les grands jeux à l’intérieur. »
La question se pose également pour les centres de vacances qui proposent de nombreux séjours au ski. « Il n’y a pas eu de désistement, souligne Lionel Luron, responsable des colonies de vacances du Haut-Rhin. Mais on sensibilise les directeurs des centres aux recommandations sanitaires de l’Agence régionale de santé et de la préfecture. Et on prend en compte la fatigue de l’enfant. Au lieu de faire une journée entière de ski, ils ne feront qu’une demi-journée, au moins jusqu’à mercredi. » Une attention toute particulière est portée aux vêtements. « On vérifie systématiquement la valise de l’enfant à son arrivée, pour voir s’il a tout ce qu’il faut pour lutter contre le froid », poursuit-il.
Pour autant, les stations de ski ne désemplissent pas. « Malgré 2-3 désistements de groupes périscolaires et d’associations, le cours de ski sont toujours complets », assure Diana Pova, à l’office de tourisme du Champ du Feu.
Peut-on faire du sport en plein air dans ces conditions ? Pour Roland Boeglin, moniteur au club de marche nordique de Mulhouse, la question ne se pose même pas : « Il suffit juste d’être bien équipé ! Quand vous faites de la marche sportive, votre température corporelle augmente. C’est seulement déconseillé aux personnes qui ont des problèmes cardiaques. » Demain matin, température négative ou non, il prendra ses bâtons de marche et accompagnera ceux qui auront, comme lui, bravé les conditions extrêmes.
Pour les habitués de la piscine du Wacken, pas d’inquiétude : le bassin reste accessible. « Tout est prévu pour. En règle générale, l’eau reste à la même température, mais on peut toujours l’augmenter d’un degré s’il fait vraiment froid », explique la responsable, Marie-Hélène Wending. Elle reconnaît néanmoins que les températures particulièrement basses ont une incidence sur la fréquentation, plus faible ce week-end.
Qui dit froid, dit augmentation de la consommation d’électricité pour se chauffer. Et la crainte d’une coupure de réseau en raison d’une surconsommation ressurgit. « Le réseau va tenir, assure pourtant Jean-Claude Mutschler, directeur général de Strasbourg électricité réseau. À midi, on n’a pas dépassé les 1250 mégawatts, loin du pic historique des 1540, le 7 février 2012. » Les températures en journée ne sont pas si basses que cela et la vague de froid est assez courte, ce qui ne laisse pas le temps aux maisons de se refroidir réellement. Si la consommation n’est finalement pas si élevée c’est aussi parce que la vague de froid intervient pendant les vacances scolaires. « Les écoles sont fermées et certaines familles sont parties en vacances », explique-t-il.
La consommation de combustibles (fioul, bois) augmente également. Et par conséquent le risque d’un pic de pollution refait surface. Toutefois, « la logique voudrait qu’on l’évite », assure Cyril Pallares, ingénieur à Atmo, association en charge de la surveillance de la qualité de l’air dans la région Grand Est. Le vent, pourtant si prompt à rendre le froid insupportable, souffle en rafales de 30 à 50 km/h et « disperse la pollution ». Pour une fois, on le remercie.
Timothée Loubière