Les réserves d’eau du continent sont dans « un état critique », selon un rapport publié le 4 février 2025 par la Commission européenne. Et la nappe phréatique rhénane, la plus grande d’Europe, n’est pas épargnée. Retour sur ce problème environnemental.
31 % des masses d’eau souterraines sont polluées dans l’Hexagone, d'après un rapport publié par la Commission européenne, le 4 février 2025. Photo PxHere
Prendre sa douche, se brosser les dents, remplir une carafe avec une eau polluée. C'est ce qui se passe dans une partie des foyers français. D'après un rapport publié le 4 février 2025 par la Commission européenne, 31 % des masses d’eau souterraines sont polluées dans l’Hexagone. En Alsace, la nappe phréatique rhénane, qui alimente 80% des foyers de la région, ne fait pas office d’exception. Quels sont les polluants ? Quelles sont les solutions ? Le Webex vous explique.
Quelles molécules dans la nappe rhénane ?
Les premiers polluants identifiés dans les masses d'eau souterraine alsacienne sont les pesticides, notamment le folpel utilisé pour les vignes. D'après l'observatoire de la nappe d'Alsace (Aprona), sur les 176 pesticides recherchés par les scientifiques, 129 flottent dans les réserves hydriques dont 56 dans des quantités dépassant les critères de qualité définis par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Autre famille de substances présente dans les nappes : les nitrates. Ces molécules proviennent du recours intensif aux engrais, généralement répandus dans les cultures de céréales.
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Les per-et polyfluoroalkylées (PFAS), surnommés polluants éternels en raison de leur grande résistance à la dégradation, contaminent également la nappe. Des substances chimiques issues de l’industrie sur lesquelles les scientifiques ont encore beaucoup à apprendre. "C’est une très grande famille, qu’on estime à plus de 10 000 molécules dont 3 000 sont commercialisées aujourd’hui, explique Victor Haumesser. Et puis, elles n’ont pas toutes les mêmes propriétés en termes de nocivité et de persistance."
Quelles sont les solutions ?
Même s’il existe des solutions pour assainir l’eau, l’Aprona recommande de traiter le problème à la source en négociant avec les secteurs polluants. "En Alsace, les collectivités ont signé des accords avec les agriculteurs pour qu'ils cessent d'utiliser des pesticides à proximité des points de captage, ce qui a permis d’améliorer nettement la qualité de l’eau », explique Victor Haumesser. Mais le défi est de taille : près de 10 % des 1 400 points de captage contiennent des polluants dans des limites supérieures aux critères de l’Anses. En 2024, ils ont été définis comme prioritaires dans le cadre du Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage).
À côté de cela, il est techniquement possible de dépolluer les réserves d’eau. Mais traiter la plus grande nappe phréatique d’Europe nécessiterait un investissement financier de plusieurs millions d’euros, ce qui pourrait se répercuter sur les consommateurs. En Alsace, ce cas de figure s’est déjà produit entre 1988 et 2022. D’après le service géologique national (BRGM), 26 millions d’euros ont été investis pour réduire la quantité
Athénaïs Cornette
édité par Louise Pointin