A peine entrée en vigueur, la trêve humanitaire annoncée par la Russie dans la Goutha orientale a été violée. Les combats entre les groupes armés de ce bastion rebelle et le régime syrien ont repris de plus belle.
Vue depuis Damas de l'enclave de la Ghouta Orientale à la reprise des combats. Crédits : AFP
Cinq heures de répit par jour. C’est ce à quoi auraient dû avoir droit les habitants de la Goutha orientale en vertu de la trêve humanitaire décrétée par la Russie hier. Mais celle-ci n'a pas fait long feu : après une brève période d’accalmie en début de matinée, les hostilités ont finalement repris, causant la mort d’un enfant. Le régime syrien a relancé un raid aérien tandis que, de leur côté, des rebelles auraient effectué des tirs de roquettes en direction des couloirs humanitaires, afin d’empêcher les civils de quitter la région.
Une majorité de victimes civiles, les convois d'aide toujours bloqués
A compter d’aujourd’hui et pour les jours à venir, de 9 à 14 heures, les bombardements devaient pourtant cesser dans cet intervalle, pour permettre l’évacuation de civils. Avec plus de 560 morts depuis le lancement de l’offensive le 18 février, ils sont les premières victimes du conflit. Compte-tenu de la reprise des combats, l’envoi des convois d’aide n’est pour l’instant pas possible. Le Kremlin a annoncé ce mardi que l’avenir de la trêve humanitaire dépendrait de l’attitude des rebelles et de leurs « provocations ».
Si l’initiative de la trêve humanitaire est venue de la Russie, alliée du régime de Damas et de l’Iran sur le terrain, c’est que la résolution du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) votée samedi était restée lettre morte. Cette dernière prévoyait un cessez-le-feu immédiat, mais avec des exceptions possibles concernant les djihadistes de l’organisation Etat Islamique (EI), d’Al-Qaida et du Front Al-Nosra et « d’autres individus, groupes, entités, associés avec Al-Qaida et l’EI, ainsi que d’autres groupes terroristes désignés par le Conseil de sécurité ». Le flou de cette définition laisse de fait libre cours à l’interprétation des belligérants sur les groupes qu’ils peuvent considérer comme terroristes. Mais les lignes semblent bouger du côté des rebelles : dans une lettre adressée à l’ONU ce mardi, plusieurs factions se sont en effet engagées à évacuer les combattants des groupes djihadistes Tahrir al-Sham, du Front Al-Nosra et d’Al-Qaïda « dans un délai de 15 jours à partir de l’entrée en vigueur de la trêve ».
Outre la Ghouta orientale, le cessez-le-feu était aussi censé s’appliquer au Nord-Ouest de la Syrie, où une offensive turque est en cours depuis plus d’un mois contre le bastion kurde d’Afrin. Loin de modérer ses ardeurs, la Turquie a au contraire décidé l’envoi de forces spéciales en renfort de l’armée.
Eddie Rabeyrin