L’emblématique patron de Tesla Elon Musk l’affirme, ses voitures autonomes seront prêtes fin 2019. Mais si le développement technologique progresse, des questions éthiques capitales ne sont pas encore résolues.
Des voitures qui se conduisent entièrement toutes seules d’ici la fin de l’année 2019 ? Dans une déclaration, le fantasque PDG de Tesla et Space X, Elon Musk, promet que ses véhicules seront bientôt 100 % autonomes et fonctionnels.
La France se positionne également sur ce marché, le développement avance et le cadre politique évolue, mais de nombreuses questions techniques et éthiques subsistent. Pour Nathalie Nevejans, membre du Comité d’éthique du CNRS et spécialiste de l’éthique de la robotique, certaines problématiques essentielles ne sont pas encore tranchées : « Il existe encore des limites technologiques liées aux capteurs qui ne sont pas assez performants pour réussir à distinguer la route en cas de neige et de brouillard. Ils n’ont aucune visibilité, c’est pour cela que les tests sont souvent effectués dans des régions sèches comme l’Arizona. »
Le réglage des capteurs peut faire des morts
Mais même en Arizona, et par temps sec, les risques existent. En mars 2018, une piétonne y avait perdu la vie, percutée par une voiture autonome Uber. Le véhicule avait bien repéré la piétonne mais avait choisi de l’ignorer, considérant que le danger n’était pas imminent. C’était alors le troisième accident mortel causé par une voiture de ce type. En cause, notamment, le réglage de la sensibilité des capteurs. Les constructeurs sont tentés d’abaisser celle-ci, pour éviter que la voiture ne s’arrête au moindre petit obstacle, préférant fluidifier la conduite au détriment de la sécurité.
Une question morale majeure reste sans réponse : qui doit décider des choix que doit faire la voiture ? Comment l’intelligence artificielle doit-elle réagir en cas de danger mortel ? Pour Nathalie Nevejans, il n’est pas envisageable de laisser cette responsabilité aux constructeurs. « Ce réglage peut faire des morts. Dans une situation où une voiture va avoir un accident, doit-elle sauver un piéton, plusieurs, ou le passager du véhicule ? Pour l’instant il n’y a pas de règles au niveau mondial, nous espérons que l’Europe s’empare de ces réflexions, mais elle pourrait craindre d’affaiblir son marché si elle impose des règles alors que les Etats-Unis ou la Chine ne le font pas. Il y a de gros enjeux économiques derrière. »
Nathalie Nevejans l’affirme, les risques sont encore trop importants, les voitures entièrement autonomes où le passager pourrait dormir pendant le trajet ne sont pas prêtes de circuler, quoi qu’en disent Elon Musk et ses concurrents.
Sophie Bardin