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16/02/21
18:02

OMC : Les défis de Ngozi Okonjo-Iweala

Après avoir enchaîné des postes majeurs au Nigeria et à la Banque Mondiale, l’économiste de 66 ans a été nommée lundi à la tête de l’OMC. Un poste politique et diplomatique difficile.

Bouffée d’air frais et vent d’espoir. L’ancienne ministre des Finances nigériane, Ngozi Okonjo-Iweala, a été nommée le 15 février à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle porte l‘espoir d’un déblocage politique de l’organisation qui fait face à la toute-puissance des Etats et au bouleversement des relations économiques internationales.

Elle écope d’un poste à forte dimension politique et diplomatique où le profil joue un rôle déterminant dans le succès de l’organisation pour régler les différends commerciaux entre les pays. Ngozi Okonjo-Iweala bénéficie d’un regard extérieur et d’une expérience différente de celle de ses prédécesseurs. Elle vient du monde en développement et elle est une femme. C’est d’ailleurs la première femme à prendre la tête de l’OMC et la première directrice à être née dans un pays d’Afrique. Entre autres victoires, elle a obtenu en 2005, au Club de Paris, une remise de 18 milliards de dollars sur les 30 milliards de dettes que comptait le Nigéria à cette date.

Directrice mais avec quel pouvoir ?

À la tête de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala aura bien besoin de ses talents de négociatrice car sa latitude sera limitée. "Même si la directrice peut essayer d’influencer tel ou tel domaine, l'OMC reste très très dépendante, plus que les autres organisations internationales, de ses Etats-membres", analyse Anne Sophie Alsif, cheffe économiste du Bureau d’information et de prévisions économiques (BIPE). Le poste dispose surtout d’un capital politique qui lui permet d’interpeller les Etats-membres, notamment au cours des grands forums internationaux.

C’est à travers ses relations avec les dirigeants et des discussions en petit comité que la patronne de l’OMC peut promouvoir un agenda et délier des situations de crispation économique. Un champ d’action qui ne suffit pas toujours, explique Anne Sophie Alsif : "Pendant la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis en 2019, l’organisation était complètement paralysée. Récemment les États-Unis ont refusé de nommer les juges à l’Organe de règlement des différends (ORD). Dans ces cas-là le président a très peu de marge de manœuvre."

Cet organe de l’OMC est un dispositif central de l’organisation car il est en charge de statuer sur les plaintes des États-membres envers d’autres États-membres, notamment sur les questions de concurrences déloyales. "Une des grandes critiques que font les États-Unis et l’Europe à la Chine c’est de subventionner ses produits comme l’acier ou l’aluminium, ce qui permet à ses entreprises d'exporter à des prix défiants toute concurrence", rappelle Anne Sophie Alsif. Un des premiers travaux de Ngozi Okonjo-Iweala sera d’encourager les États à appliquer les règles de l’organisation. Une tâche d'autant plus difficile que la base des relations économiques sur laquelle l’OMC a été créé a bien changé ces dernières années.

Crispation du multilatéralisme économique

"Cette tendance du commerce international à la régionalisation va totalement contre l’ADN de l’OMC qui est le multilatéralisme. Forcément l’organe a beaucoup moins de poids face aux accords régionaux ultra-puissants", développe Anne Sophie Alsif. Dans la conférence de presse que la directrice Okonjo-Iweala a donné lundi 15 février, elle est revenu sur les priorités de son début de mandat.

La pandémie tout d’abord : elle veut favoriser la libre-circulation des vaccins et des équipements médicaux. Cette compétence ne relève pas de l’OMC à partir du moment où chaque État a passé des accords avec les laboratoires, mais la directrice peut s’atteler à mettre de la raison dans les restrictions à l’export de matériel que les Etats peuvent imposer en temps de crise", explique un responsable de l’OMC. Elle a aussi la possibilité de demander une certaine transparence et de fluidifier les négociations. Pour Anne Sophie Alsif, "C’est très bien qu’elle se soit mobilisée la libre-circulation des vaccins afin de faciliter la prise en charge des vaccinations dans les pays pauvres par des organisations comme l’ONU."

Claudia Lacave

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