Gilets jaunes, routiers, restaurateurs, « insoumis » ou encore militants du Rassemblement national, tous participeront au "Convoi France" à partir du 9 février. Leur but ? Bloquer le pays à l'aide de leurs voitures pour manifester contre le pass vaccinal et les restriction sanitaires, un mouvement importé du Canada.
Le convoi de la liberté réclame, entre autres, l'annulation des restructions sanitaires et du pass vaccinal. © Michael Swan
Le 29 janvier, les opposants au pass vaccinal et aux restrictions sanitaires se sont réunis dans un convoi de la liberté à Ottawa, au Canada, pour bloquer le pays. Après avoir fait des émules en Nouvelle-Zélande, le mouvement débarque en France.
De quoi s’agit-il ?
Ce mouvement anti-vax a démarré au Canada le 22 janvier 2022. Environ 500 camionneurs partis de toutes les provinces du pays, de Toronto à Québec City, se sont rassemblés sur la colline du Parlement à Ottawa, la capitale, le 29 janvier. L’annulation de l’obligation vaccinale pour traverser la frontière américaine, le retrait des mesures sanitaires ainsi que la démission du Premier ministre, Justin Trudeau, sont les principales revendications des convoyeurs canadiens. Après dix jours de mobilisation, le maire d’Ottawa a déclaré l'état d’urgence.
Comment le mouvement s’est exporté jusqu’en France ?
C’est Rémi Monde, porte-parole de « Convoi France », qui a lancé l’initiative. Ce mouvement se veut apolitique même si cette action est soutenue par des membres de l'extrême droite comme Florian Philippot, patron des Patriotes, Jean-Frédéric Poisson, ancien candidat à la primaire Les Républicains qui a récemment rejoint Eric Zemmour, ou encore l'essayiste Idriss Aberkane, nouveau porte-voix des antivax. Des membres de la sphère complotiste canadienne et française ont participé au partage de l'événement. Des convois de camions, voitures ou encore camping-cars vont partir de plusieurs endroits en France pour rejoindre Paris et tenter de bloquer les routes de la capitale. Les premiers camionneurs partiront demain, à 9 h, de Nice. Jeudi 10 février, un autre départ se fera de Brest. Enfin, les derniers camionneurs partiront de Strasbourg, le 11 février. Les plus courageux relieront Paris à Bruxelles, le 14 février, pour rejoindre les convois de différents pays.
Quelles sont les différences, dans ce mouvement, entre le Canada et la France ?
Le mouvement en France est différent de celui au Canada. En effet, de l’autre côté de l’Atlantique les camionneurs sont soumis au pass vaccinal, obligatoire depuis le 15 janvier. Dans l’Hexagone, et plus largement dans l’UE, les camionneurs peuvent circuler librement et manger dans les relais routiers sans présenter de pass vaccinal. En France, le mouvement rassemble entre autres des gilets jaunes, routiers, restaurateurs, « insoumis », militants du Rassemblement national, Anonymous de gauche radicale internationale, naturopathes, opposants aux vaccins anti-Covid-19 et promoteurs de traitements alternatifs contre l’épidémie (hydroxychloroquine, ivermectine). Les revendications sont aussi plus étendues. Elles rappellent celles portées par les gilets jaunes en 2018. Les lanceurs du mouvement français demandent la suppression de toutes les règles sanitaires ainsi que des taxes sur l'essence et le gasoil, la suspension de toutes les directives européennes, l’augmentation des salaires nets, la démission des députés, sénateurs, ministres et du président de la République, et enfin l’instauration du référendum d’initiative populaire.
Camille Bluteau