Le ministre russe de l’énergie a annoncé la construction d’une pipeline visant à alimenter Pékin et à « remplacer » Nord Stream 2 dans la stratégie énergétique de Moscou.
Dans la stratégie énergétique de la Russie, le nouveau projet remplacera donc le projet de Nord Stream 2. Audrey Senecal / OpenStreetMap
Nouvelle étape dans le rapprochement entre la Chine et la Russie. Le président russe Vladimir Poutine a rencontré ses homologues chinois et mongols jeudi 15 septembre au sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai en Ouzbékistan. Les dirigeants ont discuté d'un nouveau projet d'infrastructure majeur, Force de Sibérie 2, qui permettra de livrer du gaz à la Chine via la Mongolie. Les négociations ne font que commencer, puisque la Chine ne devrait pas avoir besoin d'un approvisionnement supplémentaire en gaz avant 2030, selon les experts du secteur.
1. A quoi ressemblerait ce nouveau gazoduc ?
La date de début de construction est fixée à 2024, d’après le ministre russe de l’Énergie Alexandre Novak. L'idée a pris de l'ampleur lorsque les premiers tuyaux de l'oléoduc Force de Sibérie 1, actuellement en service, ont été posés dans la région orientale de Yakoutie, en Russie, en 2014. Cet oléoduc s'étend sur 3 000 kilomètres à travers la Sibérie et dans la province de Heilongjiang, dans le nord-est de la Chine. Le nouveau tracé, Force de Sibérie 2, partirait de la Péninsule de Yamal et traverserait la moitié orientale de la Mongolie pour arriver dans le nord de la Chine, non loin de grands centres de population comme Pékin.
2. Permettra-t-il de « remplacer » les projets Nord Stream entre l’Europe et la Russie ?
Ce projet s’inscrit dans la volonté d’éloignement du Kremlin vis-à-vis de l’Occident. Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine en février, Moscou utilise le gaz pour forcer les Européens, fortement dépendants de la précieuse ressource, à lever leurs sanctions. Les exportations de gaz russe vers l'Union européenne « vont baisser d'environ 50 milliards de m³ » en 2022, a rappelé M. Novak. Les accords concernant le gazoduc Force de Sibérie 2 pourraient permettre au Kremlin de compenser les pertes liées à l’arrêt de Nord Stream 1 et 2. Le ministre de l’Énergie russe a évoqué une livraison de « 50 milliards de m3 de gaz » par an vers la Chine. Ce volume représente quasiment la capacité maximale de Nord Stream 1 - 55 milliards de m³ au total -, à l'arrêt depuis le 2 septembre. En parallèle, Gazprom, l'opérateur du gazoduc Force de Sibérie 1 qui relie depuis fin 2019 le champ de Tchaïandina (Yakoutie) au nord-est de la Chine, devrait « augmenter ses livraisons » pour atteindre « 20 milliards de m³ de gaz » chaque année.
3. Qu’en disent la Chine et la Mongolie ?
Le président mongol Ukhnaagiin Khurelsukh a déclaré jeudi 15 septembre, à l'occasion du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai dans la ville ouzbek de Samarcande, qu'il soutenait la construction de gazoducs russes vers la Chine passant par la Mongolie. Si le ministre de l’Énergie russe semble confiant sur la ratification de cet accord, la Chine ne s'est, pour l’instant, pas exprimée officiellement sur la question.
Audrey Senecal, avec Reuters
Édité par Cyprien Durand-Morel