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29/09/23
14:42

Quinze heures d'activités conditionnées au RSA : les doutes d'un travailleur social

Alors que l’Assemblée nationale discute de conditionner le versement de l’allocation, des travailleurs sociaux s’interrogent sur l’utilité et l’applicabilité d’une telle mesure.

48 personnes effectuent des heures de travail dans le cadre du dispositif HLM chaque année. Crédit : Photo remise/JMV

Depuis le 25 septembre, les députés examinent le projet de loi « pour le plein emploi » qui prévoit notamment de conditionner le versement du RSA aux 2 millions de bénéficiaires à 15 heures d’activités hebdomadaires. En Alsace, depuis 2017, il est déjà possible pour les bénéficiaires du RSA d'effectuer quelques heures de travail par semaine dans des structures dédiées, à condition d’être volontaire.

« On s’est rendu compte qu’il y avait des gens qui n’étaient pas prêts à travailler dans le parcours d’insertion classique avec un contrat de 24 heures par semaine », pose Irenéo Tellez Alonzo, accompagnateur socioprofessionnel aux Jardins de la Montagne Verte, une association d’insertion professionnelle active dans le maraîchage. Depuis un an, il accompagne des personnes bénéficiaires du RSA dans le dispositif Hors les murs, avec des contrats entre 4 et 8 heures par semaine. Ils cumulent l’allocation, la prime d’activité et un petit salaire, sur une période maximale de deux ans. Seul prérequis : être volontaire.  « On emploie des gens sans qu’ils aient besoin d’avoir de l’expérience dans le domaine », explique aussi l'accompagnateur. 

« Ils vont travailler où ? »

L’association salarie 150 personnes, dont 48 bénéficiaires du RSA. Ces derniers ont en moyenne 45 ans, sont surtout des hommes et ont des parcours très divers. « L’idée, c’est vraiment de les mettre en activité, on parle de personnes très éloignées du marché du travail. On sait que certains n’iront pas au-delà du dispositif », poursuit Irenéo Tellez Alonzo, qui ne cache pas ses doutes sur l’applicabilité du projet de loi « pour le plein emploi ».

« C’est une manière de pousser les gens à sortir du RSA. Mais, ils vont travailler où ? Est-ce qu’ils vont trouver par eux-mêmes ou seront-ils orientés ? » Accompagner les gens dans leurs difficultés est sa principale occupation : « On utilise le maraîchage et l’agriculture urbaine comme support à l’insertion. Mais il y a des personnes très en difficulté qu’on n’arrive pas à accompagner. Il y a des freins sociaux qu’il faut d’abord enlever. On dépense beaucoup d’énergie pour l’accompagnement social plutôt que pour l’accompagnement professionnel », confie-t-il aussi.

« On ne peut pas en recevoir plus »

Aux Jardins de la Montagne Verte, deux professionnels consacrent leur activité à l’accompagnement des bénéficiaires du RSA. « Avec notre équipe on ne peut pas en recevoir plus » que les 48 par année. En France, 2 millions de personnes touchent le RSA mais 30% de ceux qui en ont le droit ne le demandent pas. Soit un bénéficiaire sur trois. À la charge des départements, les dépenses pour l’accompagnement sont en baisse. Un accompagnement dans de bonnes conditions, avec un suivi pour les 15 heures d’activités prévues dans le projet de loi semble donc lointain. « Il devrait y avoir eu une discussion par rapport à l’applicabilité, avant de faire voter la loi », grince-t-il.

Pour la directrice des Jardins de la Montagne Verte, Fatima Riahi, le projet de loi pourrait éventuellement avoir un effet positif. « Les personnes au RSA ne l’ont pas choisi. C’est difficile de s’intégrer au marché du travail, même quand on a des diplômes et une situation stable. Après, est-ce que les 15 heures peuvent être une opportunité pour certains d’intégrer des structures comme la nôtre ? »

Max Donzé 

Édité par Baptiste Huguet 
 

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