Le présentateur américain du « Jimmy Kimmel Live ! » vient d’être retiré de l’antenne par la chaine ABC, après avoir accusé les conservateurs d’exploiter politiquement l’assassinat de Charlie Kirk. À 57 ans, l’animateur est une figure phare du mouvement libéral à Hollywood.
Jimmy Kimmel anime son talk-show depuis 22 ans. © La Maison-Blanche
Barbe grisonnante et sourire sympathique, yeux rieurs, costume tout droit sorti de Men In Black. Main droite dans la poche, Jimmy Kimmel se sert de la gauche pour délivrer ses punchlines contre le président américain à son public conquis. « Donald Trump ne mourra jamais. Oubliez, il est comme Dracula, il va continuer à nous sucer le sang pour toujours ! » Début septembre 2025, le présentateur du « Jimmy Kimmel Live ! », Late Night majeur aux Etats-Unis diffusé sur la chaîne ABC, revient sur l’éviction durant l’été de son « bon ami » Stephen Colbert, présentateur de The Late Show pour CBS. Depuis son plateau à Los Angeles, il lit avec son léger accent de Brooklyn un message posté par le républicain sur son réseau social Truth Social, après l’annonce du départ de Colbert : « Jimmy Kimmel est le prochain à partir dans la loterie des Late Night sans talent. »
Deux semaines plus tard, mercredi 17 septembre, ABC annonce retirer de l’antenne Jimmy Kimmel après qu’il a accusé le mouvement MAGA d’utiliser politiquement l’assassinat de l’influenceur pro-Trump Charlie Kirk. Depuis le Royaume-Uni où il est en visite officielle, Donald Trump a de nouveau trompeté sur Truth Social : « Grande nouvelle pour l’Amérique. »
L’ami des stars
Comme David Letterman, une de ses influences, Jimmy Kimmel commence par la radio dès ses années lycées. Il enchaîne plusieurs stations avant de basculer vers la télé pour l’émission « Win Ben Stein’s Money » en 1997. Il coanime le jeu télévisé avec Ben Stein, un duo qui remporte un Emmy Award en 1999.
Le « Jimmy Kimmel Live ! » débute en 2003. Dans ce talk-show de fin de soirée, le présentateur invite chanteurs, acteurs et autres personnalités pendant leurs tournées promotionnelles. Georges Clooney, Mariah Carey, Selena Gomez ou Robert de Niro, les plus grandes stars se sont installées dans son fauteuil en cuir. Derrière son bureau en bois, l’animateur joue la complicité avec les personnalités d’Hollywood, se fend la poire de leurs anecdotes de tournage, orchestre des sketchs avec son fidèle sidekick Guillermo Rodriguez.
Sa relation la plus connue est évidemment celle avec Matt Damon. Depuis 2006, les deux compères mettent en scène leur rivalité à l’écran à coups de sketchs, pranks, et autres anglicismes difficiles à prononcer. « Ça a changé le cours de nos vies. On a gardé cette querelle pendant bien 15 ans maintenant, et on s’est beaucoup amusé à le faire », confiait Matt Damon au Jess Cagle Show en 2021. Ce genre d’interactions avec les stars fait le succès du « Jimmy Kimmel Live ! ». Selon LateNighter, le talk-show de nuit était le deuxième le plus visionné au deuxième semestre de 2025, avec une moyenne de 1,77 millions de spectateurs sur 41 épisodes diffusés en première, derrière Stephen Colbert et devant Jimmy Fallon. Il était en revanche le premier sur la tranche d’âge des 18-49 ans. L’animateur californien a également présenté les Oscars à quatre reprises entre 2017 et 2024 et les Emmy Awards trois fois, en 2012, 2016 et 2020.
Personnalité critique de Donald Trump
Chacun de ses épisodes commence par un monologue durant lequel il traite l’actualité avec humour. Depuis l’élection de Donald Trump en novembre dernier, la majorité de ses apartés se moquent du président américain qu’il a reçu sur son plateau en 2015. Avec des arrière-grands-parents qui ont émigré d’une île proche de Naples suite à un tremblement de terre en 1883, Jimmy Kimmel est un démocrate revendiqué. L’animateur californien s’était rendu dans les locaux de la candidate démocrate au Sénat Jacky Rosen pendant les élections de 2024, pour rencontrer des bénévoles.
Au lendemain de l’élection du chef d’Etat républicain, Jimmy Kimmel se mettait en scène en train de faire ses valises. « Tu l’as entendu [Donald Trump], il a dit qu’il avait une liste d’ennemis, tu crois que je ne suis pas sur la liste ? », s’inquiétait-il auprès de Guillermo Rodriguez. En août 2025, il confiait avoir acquis plus tôt dans l’année la nationalité italienne en raison de la présidence du businessman conservateur.
Quentin Baraja
Edité par Axel Guillou