Des patients seraient retenus trop longtemps dans des unités pour malades difficiles. Un avis publié ce mardi au Journal officiel tire la sonnette d'alarme.
Il y a des murs d'enceintes, chaque sortie est accompagnée et strictement encadrée... Les UMD (unités pour malades difficiles) accueillent des patients souffrant de troubles psychiatriques qui sont considérés comme dangereux ou refusent les soins. Ils sont là contre leur gré : la décision vient « d'en haut », de l'Etat. C'est ce qu'on appelait l'hospitalisation d'office.
Le problème, c'est que certains patients y restent trop longtemps, sans raison valable. Et c'est ce que dénonce le contrôleur général des lieux de privation de liberté dans un avis publié ce mardi au Journal officiel. Jean-Marie Delarue a visité neuf unités sur les dix présentes en France. En quatre ans, il a été saisi 80 fois, par des malades mais aussi par des psychiatres, et a diligenté une vingtaine d'enquêtes. Le constat est alarmant : certains patients sont privés arbitrairement de liberté.
Autorisé à sortir il y a plus de deux ans et toujours coincé
A l'issue du séjour, la Commission du suivi médical de chaque unité évalue si le patient peut sortir ou non. Si oui, il retourne dans son établissement psychiatrique d'origine dans un délai de 20 jours. Mais « des patients sont maintenus en UMD malgré l'avis » de cette Commission « et nonobstant l'arrêté pris par le préfet » qui a validé la sortie, souligne Jean-Marie Delarue. Il décrit le cas d'un malade, autorisé à sortir il y a deux ans et demi, et toujours coincé dans une unité.
Pourquoi cette situation ? Soit l'établissement d'origine est impossible à identifier. Soit il refuse de reprendre le patient, par peur des violences. Le contrôleur réclame une circulaire préfectorale qui rappelle l'obligation de trouver une place à ces malades. Sur cette même question, il a interpelé le ministère de la Santé. A cinq reprises depuis mars 2011. Sans réponse.
Lucie Marnas