Amélie Ducourtioux a 27 ans et se bat depuis plusieurs mois pour se faire greffer un utérus. En juin, elle perd son enfant alors qu'elle est enceinte de six mois et après une importante hémorragie interne, les médecins procèdent à l'ablation de son utérus. Depuis, en colère, elle réclame le droit à porter à nouveau un enfant, raconte-t-elle à Aujourd'hui en France, dans l'édition de ce vendredi. Son espoir : une greffe d'utérus.
Une opération encore jamais pratiquée en France, mais qui a déjà été réalisée en Suède, en septembre. Deux jeunes femmes se sont ainsi fait implanter l'utérus de leurs mères et, pour l'instant, réagissent bien à la greffe. Mais rien n'indique qu'elles pourront un jour porter et donner naissance à un enfant. D'autant que les chirurgiens ont été formels : la greffe n'est que temporaire. Pour éviter d'exposer trop longtemps les jeunes femmes et leurs éventuels fœtus au lourd traitement immunosuppresseur, qui prévient les rejets de greffe, leur nouvel utérus leur sera retiré dès qu'elles auront éventuellement eu un enfant.
Trop risqué ?
Des difficultés médicales qui s'ajoutent à des questions éthiques, comme l'explique François Olivennes, gynécologue-obstétricien. Cela vaut-il la peine de prendre autant de risques pour une greffe non vitale ? C'est actuellement l'argument essentiel des autorités éthiques françaises, encore très sceptiques quant à l'autorisation d'une telle opération dans notre pays.
En attendant, Amélie Ducourtioux tente le tout pour le tout. Fin janvier elle a écrit à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, pour la sensibiliser sur la question. Elle a aussi pris contact avec René Frydman, le « papa » du premier bébé éprouvette, favorable à la greffe d'utérus. La jeune femme n'envisage pas l'adoption. « J'ai porté ma fille pendant six mois, raconte-t-elle à Aujourd'hui en France. Je l'ai sentie bouger en moi. Je sais ce que c'est d'être enceinte. Je veux porter mon futur enfant. »
Mélina Facchin